Les audiences publiques sur l’audit environnemental de la société Nettoycam, une des plus grandes pollueuses de la métropole économique du Cameroun, ont entraîné une note d’insatisfaction des populations riveraines qui continuent de croire, malgré les assurances des experts qui estiment qu’avec un investissement de 55 millions de FCFA (85000 euros), il est possible de ramener les impacts négatifs de cette entreprise sur l’environnement à des niveaux acceptables.
Nettoycam Don Fran SA est une entreprise de régénération des huiles usagées et d’incinération des déchets industriels spéciaux (déchets d’hydrocarbures et déchets hospitaliers). Elle est basée dans l’arrondissement de Douala 3è, au carrefour de trois quartiers populeux (Brazzaville, Bonaloka et Soboum), et voisine périlleusement avec un hôpital, un lycée, des collèges, des écoles, y compris des milliers de ménages. Bien plus, Nettoycam jouxte la rivière Ngoua qu’elle a transformée volontairement en dépotoir.
Conformément à l’alinéa 2 de l’article 11 du décret N°2005/0577/PM DU 23 février 2005 sur les modalités de réalisation des études d’impact environnemental, les audiences publiques destinées « à faire la publicité de l’étude, à en enregistrer les oppositions éventuelles et à permettre aux populations de se prononcer sur les conclusions de l’étude » se sont tenues dans un établissement scolaire situé à un jet de pierre de cette entreprise.
Si certaines personnes désabusées à l’exemple de dame Teguel, arguant que «ces audiences, c’est un perd-temps» ont ignoré ces assises, d’autres par contre ont saisi cette occasion pour dire leur exaspération sur les nuisances provoquées par Nettoycam depuis son installation dans le coin en 1995. Des nuisances relevées aussi par Ecolo Santé, le cabinet qui a réalisé l’étude d’impact environnemental en question.
La Contribution à la pollution de l’air de la ville de Douala avec l’émission dans l’atmosphère des gaz à effet de serre ; la pollution des eaux du Ngoua, une rivière locale, avec des eaux résiduaires (contenant des hydrocarbures et autres déchets solides) résultant de la décantation des huiles usagées et du nettoyage des cuves ; la pollution des sols et de l’eau souterraine ; la contamination des organismes aquatiques et de la chaîne alimentaire ; l’exposition des employés aux accidents de travail ; l’exposition aux intoxications et aux maladies cancérigènes, sans oublier les nuisances sonores émanant du fonctionnement de la pompe de refoulement, du groupe électrogène et du transport et livraison des huiles, sont autant de types de nuisances qu’Ecolo Santé a relevé dans son étude. Des nuisances que les populations voisines n’ont cessé de décrier.
Établissement dangereux
En 1998, c’est-à-dire trois ans après son implantation sur son site actuel, Nettoycam a fait l’objet des plaintes des populations de Bonaloka à cause du déversement des effluents liquides chargés d’hydrocarbures. Et au fil des ans, toutes les populations riveraines de cette unité industrielle ont associé leurs voix à celles des premiers mécontents, soutenues souvent par des médias locaux, pour décrier les pollutions de Nettoycam voire exiger son déplacement sur un autre site. Mais les pouvoirs publics sont restés muets sur ce sujet brûlant. La raison évoquée ici par les autorités est que si Nettoycam s’est installée en 1995, la loi N° 96/12 dite Loi-Cadre relative à la gestion de l’environnement n’est signée qu’en aout 1996 et son décret d’application ne sort qu’en 2005. La loi n’étant pas rétroactive l’on ne saurait exiger le déplacement de cette entreprise sur son site actuel.
Bernard Mawo
Bien le bonjour à vous lecteur et lectrice à quels éléments et analyses se prêtent Mr B.MAWO pour faire tels conclusions ?