Dans les profondeurs des forêts denses et des savanes arborées du Cameroun, une menace rampante persiste : les serpents venimeux. Une enquête épidémiologique récente menée dans les 10 régions du pays révèle que le Cameroun fait partie des pays les plus touchés par les morsures de serpents. Avec plus de 63 000 participants, l’étude a révélé que 293 personnes ont été mordues par un serpent au cours des 12 derniers mois, et malheureusement, 21 ont perdu la vie.
Ces chiffres alarmants viennent rappeler à quel point les morsures de serpents représentent un problème de santé publique majeur en Afrique. Chaque année, plus d’un million de personnes sont victimes de ces attaques vicieuses, causant des douleurs insoutenables et nécessitant souvent un traitement médical d’urgence. Les conséquences peuvent être dévastatrices, avec près de 30 000 décès annuels sur tout le continent, trois fois plus d’amputations et d’autres séquelles permanentes. Ces chiffres dépassent même ceux des scorpions ou de la fièvre jaune, des menaces bien connues de la région.
Le Cameroun, en raison de sa diversité géographique et de sa faune abondante, subit également les affres de ces reptiles venimeux. L’enquête épidémiologique menée dans toutes les régions du pays a confirmé que le Cameroun était l’un des pays les plus touchés par les morsures de serpents. « Sur un peu plus de 63 000 participants, 293 ont été mordus par un serpent et 21 sont décédés au cours des 12 derniers mois », a déclaré le porte-parole de la mission d’enquête, le Dr Armand Nkweschen.

Les morsures de serpents peuvent entraîner des séquelles graves, allant de paralysies sévères qui bloquent la respiration à des troubles sanguins, des insuffisances rénales irréversibles et des dégâts tissulaires locaux importants, a expliqué l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Conscient de la gravité de la situation, le ministère de la Santé publique du Cameroun a reconnu les morsures de serpents comme un problème de santé prioritaire dès 2015. Un relevé hebdomadaire du nombre de cas a été mis en place, révélant des chiffres préoccupants. Au cours de la première année, l’incidence annuelle des morsures de serpent était de 11,4 pour 100 000 habitants, ce qui représente plus de 2 500 morsures par an, dont 43 décès. Dans certaines régions, le taux de létalité atteint même 6%.
Selon le ministère de la Santé publique, les morsures de serpent sont particulièrement prévalentes dans le septentrion du pays, comprenant les régions de l’Adamaoua, du Nord et de l’Extrême-Nord, caractérisées par des savanes sèches et arborées. Cette zone représente 40% de l’incidence et 77% de la mortalité liées aux morsures de serpent au Cameroun. Dans le sud, où les forêts luxuriantes prédominent, l’incidence et la mortalité correspondent respectivement à 32% et 16%. Il convient toutefois de souligner que ces estimations sont susceptibles d’être bien inférieures à la réalité, en raison de la collecte partielle des données et du recours fréquent aux tradipraticiens, c’est-à-dire aux praticiens traditionnels de la médecine, sans référence à une structure sanitaire.
Face à cette menace persistante, il est impératif que des mesures soient prises pour prévenir et traiter efficacement les morsures de serpents au Cameroun. Des programmes de sensibilisation du public, des campagnes d’éducation, ainsi que des efforts visant à améliorer l’accès aux soins médicaux spécialisés pour les victimes, sont nécessaires de toute urgence pour réduire l’impact dévastateur de ce fléau sur la population.
Alors que les serpents continueront à se faufiler dans les recoins les plus reculés du Cameroun, il est de notre responsabilité collective de lutter contre cette menace invisible. La vie de milliers de Camerounais dépend de notre engagement et de notre détermination à combattre les morsures de serpents et à garantir leur accès à des soins de santé sûrs et efficaces.
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