Plus de 40 pays tropicaux sont déjà entrés dans la première phase du REED+, soutenus par le Fonds de partenariat pour le Carbone forestier (FPCF).
En analysant le passé, on s’aperçoit que la plupart des pays industriels ont fait leur développement au détriment de la forêt, que ce soit pour produire de l’énergie, disposer des surfaces agricoles ou pastorales, créer des infrastructures etc. Les arbres avaient plus de valeur couchés que débout. Les pays tropicaux empruntent malheureusement la même trajectoire. Conséquence, près de 13 millions d’hectares de forêt disparaissent chaque année.
Pour les forêts tropicales, malheureusement, le sommet de la Terre de Rio en 1992 et la conférence sur le climat de Kyoto en 1997 ont été deux opportunités manquées pour celles-ci. Aucune disposition ne fut créée pour récompenser les pays cherchant à préserver leurs forêts. En 2005, à la conférence Climat de Montréal, le Costa Rica et la Papouasie Nouvelle Guinée soulignent l’énorme impact de la déforestation sur le climat (environ 20% des émissions mondiales de gaz à effet de serre) et demandent conjointement à la conférence des Parties de la Convention climat de créer un mécanisme de rémunération de la réduction des émissions de gaz à effet de serre liés à la déforestation et de la dégradation des forêts. Fût ainsi créer le concept du « REDD ».
Deux ans après les pays à « forte couverture forestière, faible taux de déforestation » pays du bassin du Congo en première ligne, insistent pour que le mécanisme ne comprenne pas seulement les « mauvais élèves » mais aussi ceux qui ont été vertueux et ont sur par le passé conserver leurs forêts. A la conférence climat de Bali en 2007, ils réussissent à transformer « REDD » en « REDD+ » le « + » recouvrant la préservation ou l’accroissement des stocks de carbone.
Depuis la conférence climat de Bali, de nombreuses initiatives publiques et privées ont vu le jour afin de soutenir les actions REDD+ des pays, que ce soit au niveau de projets locaux ou de programmes nationaux.
Le mécanisme en soi
Concrètement, les pays intéressés pour participer au REDD+ doivent d’abord se préparer à l’entrée dans les mécanismes phase 1 dite de préparation notamment en identifiant les causes de déforestation, en préparant leur inventaire de carbone forestier et en expliquant comment ils vont modéliser leur déforestation future. Aujourd’hui c’est plus de 470 pays tropicaux qui sont entrés dans REDD+, et qui sont ou ont été soutenus pour cette phase1par des financements dits de démarrage rapide, provenant notamment du Fonds de partenariat pour le carbone forestier(FPCF) piloté par la Banque Mondiale, ou encore le programme Un-REDD, co-piloté par la FAO, le PNUD et le PNUE.
Une fois cette phase de préparation passée, les pays peuvent entrer dans la phase deux dite de mise en œuvre des politiques et mesures REDD+, avec là encore le soutien de fonds dédiés au REDD+ tels le FIP (programme investissement pour la forêt) ou à travers des accords bilatéraux.
Enfin dans la phase 3 dite de mise en œuvre à grande échelle phase qu’aucun pays n’a pour l’instant atteinte, les efforts pourraient être soutenus par des fonds carbone forestier dédiés, voire un possible accès au marché onusien du carbone. Cette ouverture du marché carbone aux crédits REDD nécessite que les émissions évitées ou absorptions de gaz à effet de serre d’origine forestière soient mesurables et vérifiables et que les parties à la convention climat en acceptent le principe. Sujet en cours de négociation ; dont le Cameroun est en phase 2.
Constantin Yap-Le Quotidien de l’Economie