La Conférence de Paris regorge des enjeux importants pour les pays en développement. Avez-vous quelque crainte sur l’issue de cette conférence ?
La Conférence de Paris (COP 21) est une échéance cruciale, puisqu’elle doit aboutir à un nouvel accord international sur le climat, applicable à tous les pays, dans l’objectif de maintenir le réchauffement climatique mondial en deçà de 2°C. Il fera suite au protocole de Kyoto, seul accord climatique international contraignant à ce jour, et en vigueur jusqu’en 2020, depuis la signature de sa prolongation à la Conférence de Doha en 2012.
Il faut donc s’y préparer minutieusement. Mais une certaine opinion pense que cette conférence ne devrait pas aboutir à des engagements forts pour les pays développés qui devraient traduire leurs paroles en actes et soutenir les pays vulnérables pour qui des actions climatiques urgentes doivent être mises en œuvre. Certes, il y a eu quelques progrès mais les engagements pris jusqu’ici en matière de réduction des émissions sont insuffisants
En ce qui concerne le financement, l’accord de Paris devrait comprendre des mécanismes générant des financements publics plus nombreux et plus prévisibles pour s’adapter aux impacts des changements climatiques. Mais certains pays s’y opposent fermement alors que l’accord doit également inclure un soutien aux pays vulnérables victimes de nombreux dommages liés à la non-réduction des émissions par les pays développés. Il y a donc lieu d’avoir quelques inquiétudes. Mais d’ici là beaucoup de choses peuvent changer.
En tant qu’expert, avez-vous une suggestion pour faire entendre la position de ces pays lors des négociations de la Cop21 ?
Les pays qui participent aux négociations climatiques sont regroupés en blocs réunissant les Etats ayant des intérêts communs à défendre. Ces blocs forment un panel hétérogène, où luttes d’influence et alliances sont à géométrie variable. Ainsi, dans le groupe africain certains pays comme la République démocratique du Congo, font également partie d’autres sous-divisions, comme celle des pays les moins avancés (Pma), voire de la Coalition des nations à forêts tropicales (“Coalition for Rainforest nations”). Dans l’ensemble, le gain de poids des petits pays dans les négociations tient donc beaucoup à leurs regroupements en coalitions, malgré l’image de mosaïque qui s’en dégage. Les membres des groupes, comme l’Alliance des petits Etats insulaires, particulièrement vulnérables aux conséquences du réchauffement climatique défendent le principe de l’attribution d’aides supplémentaires pour s’adapter aux changements climatiques en cours. Devant cette multiplicité d’acteurs et de coalitions, les négociations de la COP 21 s’annoncent ardues. Les intérêts entre coalitions sont profondément différents et leur conciliation semble bien fragile aujourd’hui. La multiplicité des situations et la méfiance réciproque régnant entre les négociateurs sont loin de créer un climat porteur pour la COP 21. Si vous prenez les pays d’Afrique centrale, il y en a qui sont favorables au développement de la Redd+ et d’autres pas. Il faudra donc que les pays dépassent les intérêts nationaux pour se retrouver autour d’un minimum de points communs pour peser sur les négociations.
En dehors du Gabon, selon des sources, les autres pays d’Afrique centrale comme le Cameroun, n’ont pas rédigé leur communication pour les négociations de Paris. Or, elle est attendue le 30 octobre 2015. Quel commentaire cela vous suscite ?
Effectivement le Gabon a rédigé et soumis son Plan d’action climat dans lequel il s’engage, à lutter contre les changements climatiques par la réduction de ses émissions d’au moins 50% conformément aux décisions prises lors de la COP19 à Doha et de la COP20 à Lima. Il faut dire que le Gabon qui est le premier pays africain à le faire anticipe ainsi par rapport à l’accord universel de Paris qui devrait entrer en vigueur en 2020 et habiliter tous les pays à agir pour empêcher la température mondiale d’augmenter de plus de 2°C . Interview intégrale à lire sur le site de MUTATIONS
Propos recueillis par Adrienne Engono Moussanga
[…] Maurice Tsalefac en 2015 évoquant la Conférence de Paris ici […]