La psychose qui va chaque jour croissante fait en sorte qu’on se demande s’il serait encore nécessaire ou prudent de faire confiance aux médecins formés dans les centres universitaires et/ou grandes écoles de médecine au Cameroun.
Cela s’est passé dans un hôpital confessionnel de Bonabéri – Douala. Une jeune dame d’environ 30 ans internée pour une attaque de paludisme n’arrivant plus à contenir sa colère, son émotion, au mieux sa peur, assise à même le sol parce qu’ayant déserté la chambre dans laquelle sa perfusion devait lui être administrée : « J’attends mon mari ici. Je ne mettrais plus une minute de plus dans cette chambre d’hospitalisation, le médecin-là vient seulement constater la mort.il me fait peur.», ne cessait-elle pas de grommeler. Admise dans cet établissement hospitalier quelques heures plus tôt, elle venait de voir passer de vie à trépas et de manière successive, trois des occupants d’une chambre commune de sept (07) lits. Il ne se faisait plus de doute que ce sera bientôt son tour du moment où la mort avait frappé les occupantes du premier, du deuxième et du troisième lit en l’intervalle de 3heures. Et comme elle occupait le quatrième lit…
Pour dire que les hôpitaux camerounais seraient devenus en quelque sorte des mouroirs qu’il serait loisible d’aller faire de l’automédication au quartier en dépit des dangers que cela comporte aussi.
Formation au rabais
Dans cette espèce de cycle infernal, on se demanderait bien sur qui rejeter les torts. Si du côté institutionnel on clame que tout est mis en place pour une formation adéquate des médecins généralistes ou spécialistes, du côté de l’Ordre National des Médecins du Cameroun (Onmc) présidé par Dr Guy Sandjon, ce n’est pas le même son de cloche : « nous sommes en train de vivre une formation médicale à deux vitesses. Le diplôme de médecine n’est pas un Bts. On ne peut pas abandonner la formation en santé à des hommes d’affaires, qui n’ont en réalité que le souci de multiplier leurs fonds de commerce. Où sont les enseignants ? Où sont les équipements ? Où est l’hôpital d’application ? On retrouve des étudiants en médecine dans les dispensaires, à faire leurs écoles aux côtés des infirmiers. C’est inadmissible ».
Ce n’est qu’au Cameroun que l’on tient compte des équilibres régionaux quand il s’agit des admissions dans les facultés de médecine et de sciences biomédicales. Comme s’il s’agissait de postes politiques. Du coup la qualité des médecins en prend un coup. M.Nelle ne cesse de ruminer son envie de tuer un médecin. L’objet de sa colère est -rappelle-t –il -la mort de sa femme à cause d’une perfusion au glucose alors que celle-ci était diabétique. Ce serait faire preuve d’hypocrisie, de myopie intellectuelle que de faire semblant d’être surpris par la recrudescence des erreurs médicales à répétition, de l’incompétence décrier par ci par là dans les hôpitaux camerounais. S’il ne s’agit pas tout simplement de constater que le secret médical est constamment dehors. Ce qui serait normal puisque la majorité ne sait même pas de quoi le serment d’Hippocrate en retourne.
Ce serait aussi normal de constater que ce qui intéresse en réalité certains médecins actuels au Cameroun, c’est la course à la clientèle. Dans tous les hôpitaux publics du Cameroun, c’est la même rengaine. Des « rabatteurs » sont postés à tous les coins avec pour mission d’orienter les patients vers tel ou tel docteur d’hôpital public consultant en clientèle privée. Personne, même pas le médecin ne s’imagine ou fait semblant d’ignorer qu’entre temps, bien des choses peuvent se passer.
Entre temps, que fait l’Onmc ? On a comme l’impression que son rôle ne se limiterait qu’à motiver et convaincre les médecins à « adhérer » à ce groupe même si au bout du compte la déontologie en la matière n’est pas respectée. Les paroles du genre : « nous n’allons pas admettre dans nos rangs des médecins douteux », ou encore : « nous ne pouvons pas laisser ces égarements prospérer parce que la santé n’est pas une marchandise et l’hôpital, pas une entreprise. Il va tout de même de la vie des gens » prononcées par Dr Guy Sandjon, sont asymptomatique d’une démission prononcée.
Le Cameroun c’est le Cameroun, dirions-nous. Pour autant, il n’y a pas que l’ivraie dans la médecine camerounaise. De bons praticiens, il y en a même de très bons qui démontreraient de leur capacité et de leur compétence partout où ils pourraient être appelés à exercer. La seule chose que l’on demanderait d’abord au gouvernement camerounais, c’est de penser véritablement à la réforme universitaire et spécifiquement celle d’un domaine aussi délicat que la médecine. Ensuite, il reviendra aux médecins eux-mêmes de faire restaurer les bonnes pratiques en stoppant la gangrène qui risquerait infester tout le corps au propre comme au figuré.
Cedric pokam