Avec un niveau de production de 11,5 millions de barils de pétrole par jour actuellement, l’Afrique a toujours constitué un eldorado pour les grands groupes pétroliers comme Total, BP, Chevron, Shell et Exxon Mobil surnommés les Big Five. Mais aujourd’hui, ces multinationales ne sont plus les seules à vouloir profiter d’énormes revenus que génère l’or noir.
En effet, ces dernières années, on a assisté sur le continent africain, à l’instar des compagnies comme Oando Plc, la plus grande société d’énergie indépendante du Nigeria, à l’émergence des groupes locaux qui tentent de s’imposer tant bien que mal sur ce marché très lucratif. Cela d’autant plus que ces géants occidentaux subissent depuis peu la concurrence des compagnies des pays émergents qui investissent également dans le pétrole africain. Sinopec, la deuxième plus grande firme pétrolière chinoise, a ainsi acquis, avec l’achat de la compagnie canadienne Addax Petroleum en août 2009, plusieurs permis d’exploration et de production pétrolières au Nigéria.
Selon certains spécialistes, les groupes pétroliers nationaux africains ne vont cesser d’accroître à l’avenir leur taille et leur portée régionale et devenir des investisseurs de plus en plus importants sur le continent. C’est le cas par exemple du groupe nigérian côté à Lagos et à Johannesburg, Oando, qui ambitionne de produire 100 000 barils de pétrole par jour en 2013. Et pour ce faire, il a signé un partenariat avec le russe Gazprom et vient de débloquer près de 388 millions de dollars de facilités auprès de 13 banques pour financer ses projets.
Par ailleurs, Corlay SA, qui utilise MRS comme nom commercial, un autre groupe nigérian, vient pour sa part de conclure une alliance avec l’ivoirien Petroci (Société nationale d’opérations pétrolières de la Côte d’Ivoire devenu Corlay-CI Petroci), pour renforcer le groupe sur le marché national ivoirien. Ainsi, cette firme qui avait racheté les stations-services du groupe américain Shevron anciennement Shevron -Texaco Côte d’Ivoire, a quasiment doublé la taille de son réseau en quelques années avec désormais une centaine de points de distribution de produits pétroliers.
De même, Engen Petroleum, la compagnie sud-africaine née après l’apartheid et qui entend devenir leader dans ce secteur d’ici 2016, a racheté en septembre 2010 à Shevron, (qui décidemment semble vouloir se débarrasser de toutes ses actifs en Afrique subsaharienne) ses activités sous la marque Caltex installée dans 7 pays africains. Enfin, du côté de l’Afrique du Nord, la compagnie algérienne, Sonatrach (Société Nationale pour la Recherche, la Production, le Transport, la Transformation et la Commercialisation des Hydrocarbures), véritable clé de voûte de l’économie algérienne, a récemment fait savoir qu’elle projetait d’investir près de 60 milliards de dollars US pour la période 2011-2015 dans le but de renforcer les capacités de production d’hydrocarbures.
Elle vient d’annoncer vouloir également racheter les actifs de BP, si celle-ci souhaite les céder. Le Gabon, un des seuls pays producteurs de pétrole sur le continent à ne pas disposer de sa propre compagnie nationale, a aussi décidé en 2010 de se lancer dans cette course de leadership dans l’industrie pétrolière africaine avec la création prochaine de la Société nationale d’hydrocarbures (SNH), qui aura pour mission de gérer et de contrôler la part de l’État dans la production pétrolière du pays. Cette nouvelle compagnie qui sera détenue à 100 % par l’État, fonctionnera selon les autorités gabonaises comme une société privée avec une autonomie de gestion.
Certains de ces firmes ont déjà commencé une incursion hors des frontières de leur pays d’origine à l’image du sud-africain Engen présent au Burundi, au Rwanda et Guinée-Bissau, après avoir récupéré les activités de Mobil et les actifs de Shell, et de l’algérien Sonatrach qui, en plus d’une forte présence chez ses voisins maghrébins, opère au Mali, en Mauritanie, au Nigéria et au Niger.
Vitraulle Mboungou