Le Cameroun a battu un nouveau record en important 150 000 tonnes d’huile de palme brute en 2022, apprend-on de sources proches du dossier. Un volume jamais atteint par le passé, le pays se contentant d’importer entre 70 000 et 100 000 tonnes ces dernières années.
Et ce nouveau record pourrait être dépassé dès 2023, le Cameroun ayant déjà importé environ 150 000 tonnes au premier semestre selon les acteurs de la filière. Cette croissance exponentielle des importations masque un déficit structurel de la production nationale d’huile de palme.

Celle-ci plafonne en effet entre 350 000 et 400 000 tonnes par an, peinant à satisfaire la demande grandissante des industriels. Les capacités des raffineurs ont fortement augmenté ces dix dernières années grâce à d’importants investissements. Mais la production de matière première n’a pas suivi le même rythme.
Résultat, le déficit entre l’offre camerounaise et la demande des transformateurs est passé de 130 000 à 160 000 tonnes depuis 2022. La hausse régulière de ce différentiel pousse le pays à importer toujours plus d’huile de palme brute, grevant sa balance commerciale.
Pour résorber ce déficit, une relance vigoureuse de la production s’impose. Elle passe par des investissements massifs dans les plantations industrielles comme villageoises, afin d’accroître les rendements et les surfaces cultivées. L’enjeu est aussi de mieux réguler ce secteur, dans un contexte de forte croissance démographique et de mutation des habitudes alimentaires.
Sans un sursaut productif, la facture des importations d’huile de palme devrait continuer à flamber, fragilisant l’économie camerounaise. Le défi de la souveraineté alimentaire se pose avec acuité pour cette filière stratégique, dont dépend une part croissante de la population.