2/5 des malades qui font des fièvres souffrent de la fièvre typhoïde
Lorsque Berthe 32 ans habitant le très insalubre quartier Etam Bafia au voisinage de Mvog-Mbi –Yaoundé- s’est rendue à l’Hôpital Central de Yaoundé pour une consultation, elle décrit au médecin, une situation physique bien pitoyable : asthénie, fièvre, céphalées, douleurs abdominales rythmées par les crises de diarrhée alternant avec une insoutenable constipation. « J’avais perdu l’appétit, d’où une perte considérable de poids. De plus, j ai attrapé une toux sèche, qui me vidait de toute force restante », témoigne-t-elle, quelque peu rétablie.
Soumise à l’hémoculture, un examen médical, on a découvert qu’elle souffrait de fièvre typhoïde. Une maladie grave, dont l’appellation médicale est salmonellose. Pratiquant une automédication sous le conseil bien hasardeux d’un infirmier du quartier, elle s’était auparavant soumise à un traitement antipaludéen intense qui s était révélé inefficace.
Comme Berthe, de nombreuses personnes souffrent parfois sans le savoir de fièvre typhoïde. Bien qu’il n’existe pas de statistiques fiables sur l’impact social de cette maladie, les milieux médicaux sont unanimes à reconnaître qu’elle est très répandue, et étale des milliers de victimes.
Au Cameroun, on distingue deux sortes de typhoïdes, selon l’agent responsable (Bacille d’Eberth) : la fièvre typhoïde causée par le salmonelle typhi, et la paratyphoïde dont l’agent le salmonella typhi a trois souches distinctes, découvertes en 2000.
Insalubrité et contagion facile
Causée par l’un ou l’autre germe, la fièvre typhoïde est avant tout une maladie de la saleté. « Le domaine de contagion est vaste », indique le docteur Meko Paulin. Porteurs malades ou porteurs sains répandent en effet facilement les germes dans la nature. A travers vomissures, urines, selles. Même un simple contact des mains, au cours des salutations suffit, pour transmettre les microbes qui sont résistants.
De plus la nature y met du sien pour faciliter la contagion. « Les mouches se posent sur les selles, ou sur les eaux de ruissellement. Elles portent des microbes qu’elles déposent ensuite dans les plats », soutient le docteur Meko. Bien que les fruits en eux-mêmes ne soient pas contagieux, ils peuvent servir de vecteurs, si on ne les lave pas suffisamment avant de les consommer.
Lorsque le microbe est dans le coup, il faut entre 10 à 15 jours pour que les premiers symptômes de la maladie se manifestent. La confusion avec les symptômes du paludisme contribue à compliquer la situation du malade. Parfois au Cameroun, le diagnostic est établi seulement quand la situation est grave, et que le patient est déjà au stade de la perforation intestinale, l’hémorragie digestive.
Traitement existant
Devant tout symptôme persistant, il est donc utile de faire un examen de laboratoire. Parmi les examens pour mettre en évidence la fièvre typhoïde, l’hémoculture apparaît comme la plus efficace ; 80% d’avis médical. Mais il existe aussi l’examen sérologique et le test Vidal, qui sont moins fiables, 50%de taux de réussite au Cameroun. « Découverte à temps, la fièvre typhoïde se traite aisément », assure le docteur Monique kenfack.
Le traitement se fait à l’aide d’antibiotiques. Mais la prescription et la surveillance médicale sont indispensables. Il existe par ailleurs des vaccins : des antigènes atténués, administrés par gouttes buvables, les vaccins injectables. Mais les vaccins restent trop chers pour le camerounais moyen. « D’où la recrudescence actuelle de la maladie ».
L autre moyen de lutter contre cette maladie est la prévention, vivre dans un environnement sain, se laver correctement les légumes et les fruits avant de consommer, bref, le respect des conditions d’hygiène et de salubrité.
René Dassié