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Evictions forcées au Cameroun : Des inquiétudes sur l’environnement

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évictions forcées.Sous la houlette du Comité diocésain des activités sociales Caritas de l’Archidiocèse de Douala (Codas Caritas Douala), la société civile, réunie sous la bannière du Réseau Dynamique Citoyenne, Coordination de la région du Littoral, a exhorté les journalistes d’avoir un nouveau regard sur la problématique des évictions forcées au Cameroun en général et à Douala en particulier, afin que cessent les violations des droits de l’homme y afférentes.

La Journée d’information et de sensibilisation des journalistes,  organisée le 21 août 2014 à Douala sur le thème « Les évictions forcées et les droits de l’homme« , a permis à une trentaine de journalistes d’être édifiés sur les dysfonctionnements qui encadrent les déguerpissements forcés de ces derniers temps dans la métropole économique du Cameroun.

 Il est utile de rappeler, ici, que cette rencontre entre les professionnels des médias et les responsables de la société civile membres de Dynamique Citoyenne qui a permis aux premiers de s’imprégner du « Projet Eviction », intervenait au lendemain des évictions forcées au quartier Diboum I, dans l’arrondissement de Douala III, qui ont mis 40.000 personnes dans la rue, et cinq mois après la destruction de près de 3000 habitations à Nkomba dans l’arrondissement de Douala IV.

Le projet Eviction

Pour Jean Baptiste Sipa qui a échangé avec les journalistes sur « l’impact de la communication sur la conscience éthique et citoyenne des acteurs des évictions », les « évictions forcées » sont des actes graves de portée et de conséquences néfastes sur de nombreux citoyens dont les droits individuels et collectifs sont massivement violés, et qui induisent des situations conflictuelles dans lesquelles il est nécessaire pour les parties prenantes (acteurs et victimes), d’avoir une parfaite conscience de leurs pouvoirs, de leurs obligations et de leurs droits ».

Il a conseillé les journalistes qui doivent impacter par leur travail les comportements des acteurs (initiateurs, les exécutants et les victimes) des évictions forcées, à maîtriser le cadre juridique de l’habitat au Cameroun, de la propriété foncière, des évictions pour cause d’utilité publique, des normes d’urbanisation au Cameroun et dans le monde, etc. pour lui, ce n’est qu’ainsi qu’ils réussiront, à terme, à changer les habitants des métropoles du pays, des individus « qui s’installent partout, sans droit ni titre, pour finalement se faire détruire en perdant tous leurs biens », en « des citoyens qui prennent les précautions nécessaires pour s’installer à bon droit et au bon endroit ».

 Plus, ils permettront de briser tant soit peu l’intransigeance des  autorités communales ou administratives locales qui, se trouvant dans l’obligation d’évincer les gens, le feront « en se rappelant qu’il s’agit des êtres humains qui ont droit à un logement, et dont tous les droits doivent être respectés et protégés ». Tel est l’un des objectifs majeurs du projet Eviction : accompagner les victimes actuelles et potentielles.

 Quid de l’environnement

Mais sur un plan purement environnemental, l’observation, même distraite, du phénomène des évictions qui se manifeste de plus en plus dans nos grandes cités donne des sueurs froides sur la santé des populations.  Les populations étant déguerpies pour que la Magzi qui est le propriétaire déclaré des  terrains querellés  y installe des industries. Il est sans conteste que l’on court vers des drames environnementaux aux conséquences inimaginables, lesdits terrains étant entourés des zones d’habitation.

On a encore dans les oreilles les cris des populations riveraines de Nettoycam Don Fran SA, une entreprise de régénération des huiles usagées et d’incinération des déchets industriels spéciaux (déchets d’hydrocarbures et déchets hospitaliers), dans l’arrondissement de Douala 3e.

Ici, les population souffrent  « la pollution de l’air avec l’émission dans l’atmosphère des gaz à effet de serre ; la pollution des eaux du Ngoua, une rivière locale, avec des eaux résiduaires (contenant des hydrocarbures et autres déchets solides) résultant de la décantation des huiles usagées et du nettoyage des cuves ; la pollution des sols et de l’eau souterraine ; la contamination des organismes aquatiques et de la chaîne alimentaire ; l’exposition aux intoxications et aux maladies cancérigènes, sans oublier les nuisances sonores émanant du fonctionnement de la pompe de refoulement, du groupe électrogène et du transport et livraison des huiles… »

 On peut tout aussi relever le cas des populations du quartier Oyack, toujours à Douala 3e, qui sont exposées au rejet dans la nature des déchets solides (boues industrielles), liquides (les eaux souillées) et gazeux (les métaux lourd à l’instar du plomb), toutes choses qui hypothèquent, plus qu’à leur tour, la santé des populations de céans qui meurent à petit feu.

L’Association des journalistes africains pour l’environnement (AJAFE) a du reste commis, en 2013, un rapport sur l’exposition toxicologique des populations riveraines et de l’environnement aux émanations  afférentes aux activités de ladite entreprise, de même que la situation périlleuse des employés de ladite entreprise dont les promoteurs privilégient les gains au détriment de la santé des travailleurs et des populations riveraines.

Bernard Mawo

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