L’année 2010 a été émaillée au Cameroun sur le plan de l’urbanisme par le phénomène d’effondrement d’immeubles dans les deux grandes métropoles camerounaises. Les autorités administratives en charge de l’urbanisme et les experts sur le terrain sont unanimes que ces effondrements d’immeubles sont le fait de l’irresponsabilité humaine. L’année 2011 pourrait connaître le même sort.Le 25 février 2010, Un immeuble de six étages en construction, au niveau de l’école publique de Nkolndongo, à quelques pas du commissariat de police de l’IVème arrondissement, s’est effondré aux environs de 21h. Le bilan était celui de quatre morts, de nombreux blessés et deux maisons voisines écrasées. Le lundi 09 août 2010, un immeuble de six étages au quartier Elig-Essono s’effondre à son tour, blessant grièvement quatre personnes. Dix jours plus tard, un autre édifice de cinq étages en construction va aussi s’affaisser dans le même quartier Elig Essono. Le 18 août 2009, à Douala, un immeuble abritant un établissement scolaire, Dora et Djemba, s’effondre, heureusement en l’absence des élèves et de leurs encadreurs.
Si une certaine opinion publique met ces accidents malheureux sur le compte des tribulations maléfiques voire de la fatalité, pour les spécialistes, le responsable désigné est le non respect des normes de sécurité en matière de constructions de l`habitat. L’on met alors en cause l’usage de matériaux inappropriés à la construction de tels édifices, l’emploi des tacherons pas assez qualifiés en lieu et place de véritables techniciens, entre autre.
Pour M. Medou Medou, ingénieur conseil, l’effondrement des immeubles dans les métropoles camerounaises « n’est que l’aboutissement logique des dysfonctionnements et des dissonances qui entravent le domaine des constructions dans notre pays ».
Quand survient l’effondrement
Medou Medou assure qu’il y a effondrement dès qu’une dissonance intervient entre deux acteurs de la chaîne des travaux publics et du bâtiment. Les différents types de dysfonctionnements sont : un promoteur qui confie son projet à un entrepreneur sans consulter un architecte, l’architecte qui ordonne le lancement des travaux sans études du sol ou sans dimensionnement de l’ouvrage par un ingénieur, un ingénieur devient en même temps entrepreneur et contrôleur sur un même ouvrage, un promoteur qui va faire des emplettes dans une quincaillerie sans une prescription précise de l’ingénieur ou qui ignore la prescription de l’ingénieur pour rechercher les matériaux les moins chers, question de faire des économies, un promoteur qui lance son chantier sans une estimation financière du projet global.
Lorsqu’on connaît la propension des populations au Cameroun à rechercher les matériaux moins chers et dont la mauvaise qualité est évidente, lorsqu’on sait le recours régulier à des tâcherons plus ou moins compétents mais qui sont une main d’œuvre moins chère, ajouté à cela l’irrespect des règles de l’urbanisme et le fort penchant à se soustraire aux normes requises, il y a lieu de s’attendre à d’autres effondrements d’immeubles, les mêmes causes produisant les mêmes effets.
Bernard Mawo