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Dr Salam Ouédraogo : « la circoncision comporte des avantages »

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ajafe circoncisionLa circoncision, cette opération qui consiste, chez un homme, à se départir de son prépuce, est une pratique diversement appréciée. Considérée par certains comme salutaire pour ses bienfaits avérés ou supposés, elle représente aux yeux d’autres, une abominable mutilation au même titre que l’excision.

Qu’en pensent les spécialistes de la santé ? C’est cette question qui nous a guidé vers le docteur Salam Ouédraogo, chirurgien au CHR de Ouahigouya

Question : Y a-t-il des avantages pour un homme à se faire circoncire ?

Dr Salam Ouédraogo : D’abord, la circoncision se définit comme l’ablation du prépuce chez l’homme. En termes d’avantages, on peut dire qu’elle en a, mais d’un point de vue purement scientifique. Puisque certaines sociétés la pratiquent tandis que d’autres ne la pratiquent pas. Donc d’un point de vue ethnologique, les perceptions diffèrent. Ceux qui ne la pratiquent pas trouvent qu’il n’y a pas d’avantages, et ceux qui la pratiquent trouvent qu’il y en a. Sur le plan scientifique, il faut dire qu’il a été démontré – mais pas trop prouvé – que circoncire quelqu’un comporte certains avantages en ce qui concerne la transmission de certaines pathologies notamment le Sida. Il y a des études qui tentent de démontrer que les hommes circoncis s’infectent moins que ceux qui ne le sont pas. Mais d’autres études aussi disent de faire beaucoup attention, car ce n’est pas parce qu’on est circoncis, qu’on peut tout se permettre, en se disant qu’on est protégé contre le VIH. Toutefois, ces études restent à peaufiner pour parvenir à des conclusions vraiment scientifiques.

Comment explique-t-on que l’on soit moins vulnérable lorsqu’on est circoncis que lorsque l’on ne l’est pas ?

Cela s’explique de façon simple. Lorsqu’on prend le prépuce, à l’extérieur il y a la peau et à l’intérieur se trouve une muqueuse. Cette dernière contient des cellules qui sont favorables à la pénétration du virus de l’infection. Donc, scientifiquement on se dit que si cette muqueuse n’existe pas, le passage est beaucoup plus difficile. Lorsqu’on enlève le prépuce, il ne reste que le grand qui, au contact de l’air, se kératinise et devient plus dur et donc moins perméable au virus. Ça c’est d’un point de vue purement théorique.

Quel est l’âge idéal pour subir cette opération ?

A ce niveau aussi, si l’on remonte dans l’histoire d’Abraham, celui-ci a eu deux fils. Un premier avec une de ses servantes, et que les musulmans considèrent comme leur ancêtre. Cet enfant a été circoncis le même jour qu’Abraham lui-même. Il avait treize ans. C’est ainsi que les musulmans pensent que c’est à cet âge qu’il faut circoncire. Le deuxième fils qu’il a eu avec sa femme légitime a été circoncis huit jours après sa naissance. Celui-ci est considéré comme l’ancêtre des chrétiens. C’est pourquoi chez ces derniers, c’est à huit jours qu’il faut procéder à cette opération. Donc, à ce niveau déjà, il y a un débat. Si l’on va sur le plan purement traditionnel, la circoncision constitue un rite, une initiation. Chez les Mossis par exemple, c’est à l’âge de vingt ans, c’est-à-dire, à un âge où on se dit que l’enfant est mur et peut rentrer dans la société. C’est en ce moment qu’on le met à l’épreuve. Théoriquement, l’âge idéal, on peut dire que c’est à partir du huitième jour. Cela peut se démontrer sur le plan scientifique. En effet, les facteurs de la coagulation chez l’enfant ne deviennent murs qu’après sept jours. Donc, si l’on procède à la circoncision avant, il y a des risques d’hémorragie qui seront minimisés après ces sept jours. C’est pourquoi il est conseillé de le faire après le 7e jour. C’est-à-dire 8 jours en allant, selon les conceptions religieuses de chacun. Seulement, avant 8 jours, il faut l’éviter carrément.

Quels conseils pratiques pouvez-vous donner pour pratiquer cette opération ?

A propos de la circoncision, le conseil qu’il faut donner aux parents, c’est que lorsqu’ils veulent circoncire leurs enfants, qu’ils s’adressent à un centre de santé. Cela parce qu’on a eu des cas où des enfants ont été circoncis au village par des praticiens artisanaux, sans les conditions d’hygiènes requises, et les enfants sont venus ici avec le tétanos ou d’autres infections. Au moins dans une formation sanitaire, chaque enfant aura son matériel de circoncision. Ailleurs, ce n’est pas évident. Parfois, ce sont des enfants qu’on aligne à la queue leu leu et qu’on circoncit avec le même instrument. Dans ces conditions, les risques de transmission, même du VIH, sont réels. Il faut aussi dire qu’il y a des circonstances où il faut obligatoirement faire la circoncision. Il s’agit de certaines situations de maladies telles que le cas de phimosis. C’est-à-dire lorsque le prépuce est très étroit et coince le gland. Chez l’enfant atteint d’une telle maladie, lorsqu’il urine, cela est très douloureux. Dans un tel cas de figure, il faut forcément procéder à l’ablation du prépuce. Qu’on soit adepte ou non, il faut le faire pour le salut du patient. Il y a une autre pathologie qui est le paraphimosis. C’est le cas où l’orifice du prépuce est tout petit et le gland à l’extérieur. Ainsi, celui-ci se trouve étranglé et cela est aussi source de douleur. Dans ces conditions, une fois de plus, la circoncision s’impose pour libérer le gland.

 Entretien réalisé par Ladji BAMA 

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