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DETTE ÉCOLOGIQUE : VERS UN MEA CULPA ENVIRONNEMENTAL ?

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Le concept qui a pris corps au début des années 90, devient incontournable dans les foras environnementaux.

« Quand nous (France ; Ndlr) portons secours à Haïti parce que ce pays dispose de capacités institutionnelles très faibles face aux catastrophes qu’il doit fréquemment affronter, nous nous acquittons d’une forme de dette écologique ». En ces termes, Eloi Laurent, économiste à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), résume le concept de « dette écologique ». La dette écologique naît vers 1990, dans un contexte où la dette extérieure des pays en développement s’alourdit de plus en plus. Alors que le Chili a coupé presque toutes ses forêts, son Institut d’écologie politique propose ce concept nouveau, en évoquant les impacts de la dégradation de la couche d’ozone sur la santé en Patagonie. Sur le plan international, le concept est évoqué dans les forums parallèles du sommet pour la Terre de Rio en 1992, avec les ONG comme les Amis de la Terre.

L’organisation équatorienne Acción Ecológica, membre des Amis de la Terre International, définit la dette écologique comme « la dette accumulée par les pays industrialisés du Nord envers les pays du tiers monde à cause du pillage des ressources, des dommages causés à l’environnement et l’occupation gratuite de l’environnement pour le dépôt des déchets, tels que les gaz à effet de serre, provenant des pays industrialisés ». Autrement dit, l’industrialisation des pays développés, et les dommages environnementaux qu’elle a entraînés, les rendrait redevables vis-à-vis des pays en développement.

Cette dette résulte d’une différence de développement entre les pays développés et les pays en développement. Plusieurs facteurs sont pris en compte: la dette carbone, la bio-piraterie, la dette due en raison du pillage des ressources naturelles des pays pauvres, etc.

Une forme de justice internationale ?

La dette écologique consacre l’existence d’une dette de la part de l’humanité à l’égard de l’environnement. Même si cette dette est difficile à quantifier en termes monétaires ou financiers. C’est une forme de justice internationale pour un accès équitable des hommes aux ressources naturelles, ainsi que pour la responsabilité sociale et environnementale des États. Elle représente également la reconnaissance d’une responsabilité des pays riches à l’égard de pays plus pauvres. Cette reconnaissance est perceptible aux niveaux temporel et spatial ou géographique.

Sur le plan temporel, il est question de la dette d’une génération humaine ou de quelques générations

vis-à-vis des générations futures (justice générationnelle). C’est le cas notamment des générations de la révolution industrielle. Quant à l’aspect spatial et/ou géographique, il s’agit de la dette accumulée par des pays ou régions riches qui ont surexploité l’environnement ou les ressources naturelles, etc., de régions ou pays dits pauvres sans songer à leur renouvellement (justice sociale). Ici, la relation est plutôt Nord-Sud, avec une dette des pays du Nord, dits riches ou développés vis-à-vis des pays du Sud dits pauvres.

Planète en feu
Crédit : photoshopper24 / Pixabay – Licence : CC0

En conséquence, la dette écologique pourrait accroître encore davantage la dépendance financière du Nord vers le Sud. Cette dimension historique qui fait de la dette écologique une contrepartie à la dette financière des pays en développement, se résume en la phrase suivante : « Nous vous devons des dollars mais vous, pays riches, vous nous devez le trou de la couche d’ozone ». Mais, récemment, l’on a estimé qu’il faudrait comptabiliser dans les négociations internationales sur le climat toutes les émissions de gaz à effet de serre déjà effectuées par les pays développés pour rétablir plus de justice dans les émissions futures.

Éric Vincent FOMO

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