Les cyanobactéries ou algues bleues sont présentes dans le monde entier, notamment dans les eaux calmes, riches en nutriments. Certaines espèces de cyanobactéries produisent des toxines qui affectent l’homme et l’animal. Les effets les plus graves et les plus fréquents sur la santé sont dus à la consommation d’eau contenant des toxines (cyanobactéries) ou à l’ingestion d’eau lors d’activités récréatives.Jusqu’à présent en Afrique du Sud, seuls des animaux d’élevage ou domestiques sont morts par empoisonnement aux toxines cyanobactériennes cependant, des études menées en Chine notamment ont montré que des expositions chroniques à de faibles doses étaient liées à des incidences plus élevées des cancers colorectaux et du foie.
Actuellement, la méthode la plus fiable est le test de la souris, mais il n’est pas toujours réalisable en zones rurales d’Afrique du Sud. C’est pourquoi, une équipe du CSIR, dirigée par le Dr Paul Oberholster, s’est lancée dans la recherche de méthodes alternatives et fiables, basées sur des indicateurs biologiques sensibles aux toxines cyanobactériennes.
Les études ont porté sur une plante aquatique la lenticule (ou lentille d’eau – Spirodela punctata) et quatre insectes (la blatte américaine -american cockroach – Periplaneta americana, le grillon – common cricket – Gryllus bimaculatus, le Ténébrion meunier -Tenebrio molitor – yellow mealworm et artemia – brine shrimp). Ces organismes ont été exposés à des concentrations faibles de toxines cyanobactériennes synthétiques et des extraits bruts de cyanobactérie Microcystis aeruginosa.
L’étude a démontré que les lenticules (Spirodela punctata) étaient les plus sensibles à une exposition aux toxines. Après seulement 12 heures d’exposition on observe un changement du taux de chlorophylle dans les feuilles et après cinq jours une réduction de la croissance racinaire et des feuilles. Alors que la blatte américaine et le ténébrion meunier ont survécu sans dommages aux tests, les grillons sont morts après 48 heures d’exposition à de faibles concentrations de toxines synthétiques.
Des essais complémentaires doivent être menés pour définir et standardiser des tests alternatifs au test de la souris. Cependant, d’ores et déjà il est possible d’utiliser les lenticules et les grillons comme moyens fiables et bons marchés pour la détection de la présence de toxines cyanobactériennes dans les réseaux de distribution d’eau potable en milieu rural.
Vincent Baron: vincent.baron@diplomatie.gouv.fr
Article précédemment publié au http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/60929.htm