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Des enfants camerounais préfèrent l’or à l’école

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maxresdefaultLes statistiques sur les enfants camerounais travaillant dans les mines ne sont pas connues.Mais les autorités locales reconnaissent que le nombre d’enfants travaillant sur ces sites est grandissant.

Dans les villages miniers camerounais, les enfants préfèrent chercher de l’or au lieu d’aller à l’école.

Les autorités administratives locales sont au courant de cette situation mais disent n’avoir pas les moyens suffisants pour sortir les enfants des mines.

Habillé d’un T-Shirt et d’une culotte, Moussa passe la journée les pieds dans l’eau à laver la terre pour en extraire de l’or. Âgé de 10 ans, il n’est pas scolarisé et dit avoir volontairement choisi d’être chercheur d’or. « Je travaille ici depuis longtemps. Je cherche l’argent », explique Moussa à Anadolu.

Moussa n’est pas une exception. Tous les enfants rencontrés à Boundourou Foro, un village de l’Est du Cameroun, situé à 10 km de la frontière avec la République centrafricaine, ont avoué être des chercheurs d’or. Beaucoup ont délaissé l’école pour chercher de l’or à plein temps et les autorités locales sont informées de cette situation qui est semblable sur la plupart des sites miniers artisanaux du Cameroun.

« C’est déplorable et on doit bien l’avouer. Ici, dès que l’enfant peut entrer dans un chantier d’or, il y va parce qu’il faut vivre. C’est le seul moyen de gagner de l’argent. Très tôt déjà, ce sont les mamans qui amènent les enfants dans les chantiers», explique à l’agence Anadolu Eléazar Ngoumtsop, chef de service de l’industrie à la représentation locale du ministère des Mines de Batouri, le chef lieu de la région de l’Est.

Le travail sur un site minier est pénible et dangereux. Il faut creuser le sol parfois jusqu’à 50 mètres de profondeur pour retrouver la terre contenant l’or. Le travail se fait manuellement, pieds et mains nus, à l’aide de pioches et de pelles. Ce travail est réservé aux garçons. L’individu doit creuser le sol puis rejeter la terre aurifère hors du trou. Les risques d’éboulement sont grands. Une fois la terre hors du trou, il faut la transporter sur un autre site puis la concasser et la réduire en poudre. C’est la tâche des filles. Âgées de 6 ans, elles sont assises par terre et travaillent, elles aussi, à main nue.

La poudre est ensuite amenée à la rivière pour être lavée afin d’en extraire l’or. Les chercheurs d’or se servent d’un tamis qui retient les gros grains de terre et laisse passer les particules plus fines dans lesquelles se trouve l’or. Tout ce processus se fait artisanalement et à main nue et il arrive que des enfants aient des accidents tels que des blessures ou des doigts écrasés par la pierre lors du concassage de la terre.

Les statistiques sur les enfants camerounais travaillant dans les mines ne sont pas connues. Mais les autorités locales reconnaissent que le nombre d’enfants travaillant sur ces sites est grandissant. 

« Il est difficile de voir les chantiers dans lesquels il n’y a pas d’enfants. La majorité des travailleurs dans les sites miniers sont des enfants et parfois, leur sont assignés des tâches rudes», confirme Ngoumtsop du ministère des mines, rencontré dans la ville de Batouri en août dernier. Cette ruée vers l’or a pour conséquence d’entraîner un « niveau de scolarisation très bas » à cause de « la facilité d’avoir rapidement de l’argent en se rendant dans un chantier d’or », admet Ngoumtsop. Les enfants et les adultes rencontrés sur le site minier de Boundouro Foro parlent à peine le français.

Quant aux enfants qui travaillent dans ces mines, «le problème est qu’il faut des moyens logistiques et financiers, par exemple des voitures pour faire régulièrement le tour de ces sites afin de dissuader les adultes de laisser travailler les enfants. Il faut du carburant pour ces voitures. Or, pour l’instant, nous n’avons aucun de ces moyens », explique Ngoumtsop le responsable local du ministère des mines pour justifier l’incapacité de l’administration à mettre fin à ce travail dangereux des enfants dans les sites miniers.

Une fois l’or trouvé, il est vendu à des collecteurs qui viennent l’acheter sur place. En août dernier, le gramme d’or était acheté à 13.000 FCfa (28 usd). Le prix varie en fonction des cours sur le marché mondial. Le paradoxe est que l’argent récolté sur les sites miniers ne sert pas au développement personnel de l’individu ni à celui de la communauté. Les villages miniers sont construits en matériaux provisoires et manquent de toutes sortes d’infrastructures, il n’y a même pas un centre de santé. Par contre, on y trouve beaucoup de cases de vente de boissons alcoolisées.

 « Certains propriétaires de sites miniers peuvent avoir entre 100 000 FCfa (225 usd) et 200 000 FCfa (450 usd) par jour. Mais, cet argent, du fait qu’ils n’ont pas un niveau d’éducation poussé, ne leur sert pratiquement à rien. Ça leur sert à boire de l’alcool ou à s’offrir des plaisirs qui ne sont pas de longue durée », révèle Ngoumtsop du ministère des mines.

Anne Mireillle Nzouankeu-Agence Presse Anadolu

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