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CRISE DE LA FILIERE CREVETTICOLE: DES MILLIERS D’EMPLOIS EN DANGER AU CAMEROUN

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Le rapport intitulé-chaîne de valeur de la crevette au Cameroun récemment publié par la FAO dresse un état des lieux préoccupant de la filière crevetticole camerounaise. Selon les chiffres avancés, la production, les exportations et les revenus générés sont en baisse, tandis que la surpêche menace la durabilité de la ressource.

La production de crevettes a reculé de 10% en 2021 par rapport à l’année précédente, atteignant seulement 1 500 tonnes. Les exportations, principalement à destination de l’Union européenne, accusent une chute encore plus importante de 20%. Cette situation résulte de la suspension des exportations vers ce marché clé décidée en 2009.

Les pertes économiques qui en découlent sont considérables. Les revenus générés par la filière ont baissé à 2 milliards de FCFA l’an passé. C’est autant de manque à gagner pour les 20 000 personnes, majoritairement des pêcheurs, qui tirent leurs revenus de ce secteur vital.

Pire, la surpêche menace la pérennité de la ressource. Alors que la production locale décroît, les importations de crevettes augmentent de 5% pour répondre à la demande intérieure. Une situation intenable à long terme qui compromet l’avenir de milliers de familles dépendantes de la pêche crevettière.

la surpêche menace la pérennité de la ressource

Pour renverser cette tendance négative, la FAO formule des recommandations fortes. La levée de la suspension des exportations vers l’UE est présentée comme la priorité pour relancer l’activité. Des mesures de gestion durable comme la limitation des captures sont aussi préconisées pour préserver les fonds marins.

Outre le rétablissement des exportations, le rapport de la FAO insiste sur deux autres leviers de développement de la filière crevetticole camerounaise: l’amélioration de la productivité et la diversification des marchés.

Sur le plan de la productivité, des efforts sont nécessaires pour moderniser la pêche artisanale qui représente 90% de l’activité. L’accès à des engins de pêche plus performants et le renforcement des capacités des pêcheurs permettraient d’augmenter les captures tout en limitant l’effort de pêche.

Cette hausse de la productivité bénéficierait directement aux conditions de vie des populations côtières. Elle générerait également des volumes d’exportation plus importants et donc des devises supplémentaires pour le Cameroun.

La diversification géographique des marchés d’exportation est un autre levier crucial selon la FAO. Actuellement très dépendant du marché européen, le Cameroun doit trouver de nouveaux débouchés pour écouler sa production de crevettes, notamment en Afrique et en Asie.

Cette stratégie de diversification réduirait la vulnérabilité de la filière en cas de nouvelles sanctions commerciales. Elle permettrait par ailleurs de tirer parti de la demande croissante en produits crevetticoles sur d’autres continents.

Reste maintenant à mettre en œuvre ces recommandations afin de relancer durablement la chaîne de valeur des crevettes, moteur économique et social majeur pour le Cameroun.

Alice Epoupa

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