Le changement climatique aura des répercussions notables sur les systèmes d’occupation foncière et d’utilisation des ressources naturelles dans l’ensemble du monde en développement, affectant les modes de vie des communautés et provoquant des déplacements de population.
Les terres arides d’Afrique sont confrontées à la perspective d’une aridité plus marquée et une plus grande variabilité du climat, susceptibles de compromettre la viabilité de l’agriculture pluviale. Au sahel, toutefois, les implications en termes de pluviométrie demeurent incertaines, plusieurs modèles prédisant des augmentations des niveaux de précipitations qui pourraient déboucher sur un verdissement temporaire en certains points du Sahel et en bordure du Sahara.
A mesure que le réchauffement climatique progresse, toutefois, la pluviométrie va probablement baisser et on peut s’attendre à une plus grande variabilité des conditions météorologiques. Plus récemment, dans l’ensemble du Sahel, une foule d’adaptations spontanées impulsées par les politiques permettent d’envisager l’avenir malgré l’incertitude.
Tout d’abord, le pastoralisme offre un moyen d’exploiter le milieu semi-aride très variable en s’appuyant sur la mobilité du bétail et sur un accès souple et négocié aux pâturages et à l’eau. On peut aussi citer des échanges réciproques entre éleveurs et paysans sédentaires, une intensification des mesures de conservation des sols et de l’eau et des conventions locales afin de réglementer l’accès aux ressources naturelles partagées entre les différents groupes : une législation progressive, telle que le code rural du Niger, qui prévoit la sécurité du régime foncier de même qu’un accès négocié aux corridors de transhumance ainsi qu’aux pâturages et aux sources d’eau.
Une étude de l’organisation des nations-unies pour l’alimentation et l’agriculture souligne l’importance qu’il convient d’accorder au renforcement de ces mécanismes d’adaptation. Si un accroissement à court terme des précipitations se produit au sahel, il serait peu prudent d’élargir l’agriculture en bordure du Sahara. Au lieu de cela, une surveillance à long terme des pâturages sahéliens par des groupes de pasteurs eux-mêmes pourrait faciliter la mobilité requise, en offrant assez de souplesse pour osciller entre cultures agricoles et élevage en fonction des conditions et en prévoyant un accès temporaire aux terres agricoles ou aux pâturages par le biais de baux fonciers.
Julian Quan