Lorsque l’on parle de braconnage au Cameroun ces dernières années, généralement ce sont des étrangers qui sont indexés. Ainsi en est-il du groupe d’individus lourdement armés qui, en début d’année 2012, Pendant près de deux mois, a abattu plus de 300 éléphants pour leur ivoire, dans le parc national de Bouba N’Djida. Il avait été révélé que ces individus probablement venus du Soudan, avaient traversé la frontière Cameroun-Tchad à cheval
En février 2013, c’est le Secrétariat général de la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (Ceeac) qui a sonné l’alerte au sujet d‘une bande de braconniers équipée en armes de guerre et qui était en route pour la réserve de Bouba N’djida (une fois de plus) pour rééditer leur exploit macabre de l’année précédente. Cette fois, la menace qu’on disait armée de lance-roquettes était supposée être entrée par la République centrafricaine.
Le fait est que même si des camerounais s’adonnent au braconnage, celui-ci est très limité et participe très souvent seulement à pourvoir les foyers en « viande de brousse ». Le braconnage à grande échelle dans les aires protégées nationales, où des armes de guerre sont usitées reste le fait d’individus venus hors des frontières camerounaises, soit du fait de la transhumance ou grâce à des safaris illégaux. Ces deux causes d’insécurité des aires protégées au Cameroun ont pour dénominateur commun la porosité des frontières du Cameroun. A ce braconnage sauvage à grande échelle, on peut ajouter la destruction de la flore par les bergers transhumants et la coupe illicite de bois de chauffe, autant de méfaits qui participent à l’anéantissement desdites réserves naturelles.
Il est courant que les frontières du Cameroun avec le Nigeria, le Tchad, la Centrafrique, Nigeria, sont de véritables passoires. Ce qui facilite les mouvements des Coupeurs de routes, des trafiquants de tout poils, des islamistes à l’instar de ceux de la secte dite Boko Haram qui écument les villes du Nigéria et les villes frontalières du Cameroun. Mais plus grave, cette perméabilité avérée des frontières facilite les mouvements des braconniers de grands chemins, et on ne réalise leur présence qu’après qu’ils aient commis leurs forfaits.
On attend
Le 05 juin 2012, les Ministres en charge de la faune et des aires protégées de la Commission des Forêts d’Afrique Centrale (COMIFAC), se sont retrouvés en session extraordinaire à Ndjamena au Tchad autour du thème « Renforcement de la lutte contre le braconnage transfrontalier » entre le Cameroun, la République Centrafricaine et le Tchad. A cette occasion, considérant le lien étroit entre le braconnage transfrontalier et la problématique de la sécurisation des frontières des trois Etats, et reconnaissant l’importance de la coordination intersectorielle et l’urgence d’une riposte vigoureuse et coordonnée à l’échelle des trois pays ont convenu « de la nécessité et de l’urgence de développer une stratégie conjointe de lutte contre le braconnage transfrontalier et de mettre en place un dispositif opérationnel approprié pour le renforcement de la collaboration transfrontalière, l’amélioration de la coordination des interventions et l’implication des principales parties prenantes ». Mais il y a lieu de reconnaitre que ces bonnes dispositions resteront encore longtemps dans le registre des vœux pieux.
Le fait qu’après leur forfait de 2012 à Bouba Ndjidda, les braconniers soudanais lourdement armés soient revenus en 2013, suppose que cette activité leur procure de gros profits financiers, au moins ; surtout qu’ils sont encouragés par la psychose qu’ils provoquent chez les populations riveraines des aires protégées, et par le déficit de punch de l’appareil répressif camerounais. Juste quelques ecogardes armés de lance-pierres qu’ils trucident ou épargnent selon leur gré.
Il est attendu que le gouvernement camerounais prenne le taureau par les cornes en sécurisant de manière pérenne ses frontières. C’est l’unique clé de préservation des aires protégées.
Josué Yetna