Le 29 août 2022, le lac Kuk est rentré définitivement dans la catégorie des lacs dits « explosifs » du Cameroun. Aussi, tenir les gens éloignés du lac jusqu’à ce qu’une enquête rapide et crédible ait été menée serait la décision la plus rationnelle. Un communiqué ne saurait suffire.

Suite au changement soudain de sa couleur et d’odeur, le lac Kuk situé dans l’arrondissement Fungom, département du Menchum dans la région du Nord-Ouest inquiète les populations riveraines depuis quelques jours. Les eaux du lac ont pris une couleur rouge et l’odeur était celle de l’œuf pourri.
Ces changements soudains qui rappellent avec effroi les tragédies des lac Nyos et Monoum, ne rassurent guère. En effet, ce sont les mêmes caractéristiques qui s’étaient manifestées au lac Nyos, mais n’avaient été remarquées qu’après l’explosion du gaz.
En effet nul n’a oublié les émanations de gaz mortels (principalement du dioxyde de carbone) qui ont asphyxié 1 746 personnes et environ 8 300 têtes de bétail, le 21 août 1986 à Nyos et les 37 morts de 1984 du lac Monoum, deux lacs voisins de Kuk. Kuk et Nyos étant tous deux des lacs de cratère situés dans une région d’activité volcanique connue sous le nom de ligne volcanique du Cameroun. Et, il en existe 43 autres dans la région qui pourraient contenir des quantités mortelles de gaz.
Informés du changement soudain de la couleur du lac Kuk, les experts parmi lesquels Kahn Elvis en service à l’université de Yaoundé a indiqué que l’odeur nauséabonde est causée « par la libération soudaine du magma sous la surface du lac ».
Si un expert en catastrophes naturelles met en garde contre une nouvelle tragédie à Kuk due à une fuite de gaz mortelle, les autorités locales, indiquent dans un communiqué de presse officiel, que les fortes précipitations récentes dans la région sont à l’origine du changement de couleur et d’odeur constaté. Elles ont donc invité les dizaines de milliers de personnes vivant autour du lac à « rester calmes tout en étant vigilantes pour informer en permanence l’administration de tout autre incident constaté ».
Pour plusieurs experts, cette confiance des autorités locales ne repose sur aucune enquête scientifique. Les experts sont d’avis que lesdites autorités auraient dû immédiatement prendre des mesures pour restreindre l’accès au lac Kuk en attendant une enquête approfondie sur place.
Bernard Mawo