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Cameroun-OMD : l’habitat décent ne sera pas au rendez-vous

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ajafe inondationA Douala, les récentes casses d’ habitations sur les emprises de la nationale n° 1, du lieudit Pk8 à Pk 17, les inondations dans les zones marécageuses de Mabanda, Bépanda, Makepe Missokè…, l’ effondrement d’un bâtiment  de 6 étages, le mercredi 17 juillet 2013 au quartier Akwa, avec au bilan les décès d´une dame enceinte de 4 mois et de son fils de 2 ans, sont autant d’éléments qui amènent à poser la sempiternelle question du logement au Cameroun

Lors de son discours de prestation de serment devant l’Assemblée nationale au lendemain de sa dernière réélection, le président Paul Biya, clamait que « l’habitat demeure la priorité de notre action. Le programme de construction de 10.000 logements sociaux sera réactivé, en concertation avec le secteur privé et les autres partenaires nationaux et internationaux». Une promesse qui rentrait en droite ligne de l’atteinte de l’objectif numéro 7 des Objectifs du Millénaire pour le Développement (Omd) qui demande aux états d’assurer à sa population un habitat décent d’ici 2020 .

Cette promesse, selon le dernier rapport du Cameroun sur les OMD, a des chances de demeurer dans la catégorie de simple slogan. En effet, le constat est négatif  ; les camerounais sont dans leur immense majorité très mal logés.  45% de cette population, dans les villes de Douala et Yaoundé, se vivent dans les zones marécageuses, des flancs de collines à forte propension aux éboulements et autres zones d’évacuation ou encore des emprises de la voie publique. Les pouvoirs publics parlent alors des constructions anarchiques dans des zones à risques. Une situation  attribuée volontiers à la poussée  exponentielle de la démographie urbaine, mais qui est plus un corollaire de la conjoncture financière difficile des populations. 40% de la population camerounaise vivent encore avec moins de 1 dollar américain par an.

Quid de l’Etat

Les discours politiques de ces dernières années ânonnent le projet de construction de 10.000 logements sociaux. D’après le dictionnaire, le logement social est un logement destiné, suite à une initiative publique ou privée, à des personnes à revenus modestes qui auraient des difficultés à se loger sur le marché libre. Or, les logements dits sociaux construits au Cameroun vont à contre -courant de cette définition.Chaque fois que ces logements sont construits, ils  sont toujours  remis grâce à des critères qui relèvent plus de la subjectivité que de la logique, aux personnes suffisamment nanties et disposant d’assez de moyens pour se payer un loyer décent.

On ne peut pas s’émouvoir devant une telle annonce. Surtout que les statistiques de la société civile parlent d’un déficit d’un million de logements sociaux, dont  800.000 pour les deux grandes métropoles que sont Douala et Yaoundé. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, rien ne garanti que les prochains logements sociaux reviennent à qui de droit.

En outre les prix des loyers dans les quartiers donnent le tournis. Le loyer d’un modeste studio tant soit peu moderne caracole au dessus de quarante mille FCFA. Pour un appartement avec deux chambres il faut prévoir un peu plus de 80.000Fcfa le mois. Pour les familles nombreuses, qui souhaitent une maison avec au moins trois chambres, il faut compter dans les 150.000Fcfa. Sans compter que le bailleur exige le paiement de 10 mois cash, avant d’intégrer la maison. On peut comprendre que certaines personnes, même travaillant dans la fonction publique, squattent les marécages avec leur lots de moustiques, de petits rongeurs, d’inondations et leur cortège de  maladies.

A ce sujet justement, l’on peut relever la persistance du choléra qui a fait son lit dans certains bas-fonds tels ceux de Bepanda à Douala, et qui ressurgit régulièrement pour effacer de l’écorce terrestre quelques compatriotes de Paul Biya. C’est aussi le cas du paludisme qui s’est incrusté au Cameroun et que ni la distribution des Moustiquaires, ni « le traitement gratuit du paludisme simple » ne parviennent à freiner l’avancée. Pour ne citer que celles-là.

On ne saurait ne pas signaler  qu’en plus de la dangerosité de l’habitat dans les zones à risque, les données de l’Enquête Camerounaise auprès des Ménages (Ecam), reprises par le « RAPPORT NATIONAL DE PROGRÈS DES OBJECTIFS DU MILLÉNAIRE POUR LE  DÉVELOPPEMENT Année 2012  » précise qu’en 2010, seulement un peu plus de la moitié de la population (52,4%) habitait un logement disposant d’installations sanitaires améliorées.  Toute chose qui ne permet pas d’éviter certaines maladies (diarrhéiques par exemple) ni de préserver l’environnement du logement.

Josué Yetna

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