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CAMEROUN : MBAKAOU, LE BARRAGE RÉSERVOIR A L’ ÉPREUVE DU VIEILLISSEMENT

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Construit de 1967 à 1969, le barrage ne produit pas d’électricité, mais optimise la production des barrages de Songloulou et Edéa. L’entretien de l’ouvrage connaît cependant un petit relâchement depuis plus de deux ans, du fait de la période de gestion transitoire entre Eneo et EDC. Sa réhabilitation est néanmoins en gestation.

Des digues de pierres entourées de grillages, sur une longue distance, signalent la présence du barrage de Mbakaou. Ces demi-murs de sécurité en pierres appelés coupe-vagues permettent de protéger les populations des débordements des eaux. Sis à environ 35 km de Tibati, chef-lieu du département du Djerem dans la région de l’Adamaoua, le barrage de Mbakaou est, comme au quotidien, interdit d’accès au public.

Car ici, le danger est permanent. Il y a notamment des risques de chute, de noyade, de rencontrer des animaux sauvages notamment des reptiles et des essaims d’abeilles. «Ces essaims d’abeilles sont bruyants. Donc, quand ils passent, compte tenu de ce qu’ils volent haut, il faut simplement s’accroupir», conseille un riverain. Il y a des gardes-corps qui signalent de tout temps et à tout point la présence du barrage. Non sans protéger les visiteurs et travailleurs du site. Construit de 1967 à 1969, le barrage a été surélevé d’un mètre, pour augmenter le volume de stockage d’eau.

«C’est un barrage réservoir qui n’a que deux objectifs principaux : stocker de l’eau pendant les périodes de crue et réguler le débit de la Sanaga pendant les périodes d’étiage. C’est la base du bassin versant de la Sanaga. Ce fleuve est pratiquement le début de la Sanaga. En amont, il y a trois affluents que sont la Vina, le Meng et le Djerem. Ces affluents forment donc le Djerem qui prend d’autres affluents, arrive à Goyoum et devient la Sanaga. C’est une richesse d’avoir tout un bassin versant qui commence au Cameroun et se jette dans la mer toujours au Cameroun. Au pays, nous n’avons pas ce genre de problèmes. On peut construire autant de barrages sans souci», explique-t-on. Mais le temps a passé et le barrage de Mbakaou a pris un coup de vieux. L’ouvrage qui présente piètre figure nécessite un relifting. Ses équipements, à l’instar de l’éclairage public, du matériel technique, sont vieillissants.

Une situation qui peut s’expliquer par la phase de transition sur la gestion du barrage depuis plus deux ans. Il y a un relâchement certain de la part d’Eneo, autrefois AES Sonel et propriétaire du site, eu égard au fait que les barrages réservoirs sont devenus de fait la propriété de EDC. Il y a cependant, a-ton appris, un protocole en cours de finalisation, piloté par EDC. Un processus au terme duquel la réhabilitation de l’ouvrage sera enclenchée. Il s’agira de changer des équipements ou les entretenir simplement. «Ce sera très coûteux», informe une source.

PRODUCTION ÉLECTRICITÉ

Mais la question que se posent les riverains et autres visiteurs du barrage de Mbakaou, c’est bien pourquoi il ne produit pas de l’électricité. Car le département du Djerem pouvait en bénéficier. «Il faut reconnaître l’intelligence de ceux qui ont initié ce projet en 1967. Il n’y avait personne à Mbakaou. On aurait produit l’électricité pour qui ? Tibati, à l’époque, était un petit village.Cet ouvrage a donc permis d’optimiser la production à Edéa et Songloulou. Maintenant, on peut initier de nouveaux projets pour produire de l’électricité afin de couvrir les besoins de la zone», confie une source.

En tout cas, le barrage de Mbakaou stocke de l’eau en saison pluvieuse et restitue en saison sèche pour reconstituer le fleuve et avoir un débit moyen qui permet de produire l’électricité de manière constante à Song- Loulou et à Edéa dans la région du Littoral. Ce, grâce à des vannes évacuatrices pour déverser le trop plein en période de crue. Le barrage a de fait un volume maximal de stockage à ne pas dépasser, mais il peut arriver qu’il y ait de très fortes pluies.

D’où le contrôle permanent pour sa stabilité. Sa durée en dépend. Il y a un portique qui est un appareil de manutention qui aide à soulever de lourdes charges, les batardeaux notamment. «Un batardeau, c’est en moyenne 21 à 23 tonnes. On les utilise pour fermer les voies d’eau. On les ferme en amont et en aval lorsqu’il y a une tâche à exécuter. Il peut s’agir de l’entretien des vannes ou autre chose. Il y a donc un portique en amont et un autre en aval», informe-t-on. En effet, chaque 1er décembre, le lac sur lequel est implanté l’ouvrage, doit être plein. Une échelle limnométrique permet de mesurer les volumes d’eau en amont et en avant pour savoir sa hauteur.

De fait, le barrage de Mbakaou est constitué d’une zone de restitution, d’où le bruit causé par une eau libérée avec forte pression après stockage. En cette fin d’étiage, le volume d’eau est estimé entre 800 et 900 millions m3 d’eau, au lieu de 2,6 milliards m3 en période de crue.

Par Bertrand Ayissi du journal l ‘Essentiel

 

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