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CAMEROUN : LES ABATTOIRS SODEPA DE DOUALA CROULENT SOUS LA CRASSE

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L’abattoir de Douala, appartenant à la société de développement et de productions animales (Sodepa) a dépassé les limites acceptables de la saleté. La qualité de la viande produite est inquiétante.

Les riverains de la Sodepa et tous ceux qui ont visité cette entreprise ces derniers temps sont unanimes que cette entreprise est sale. Trop sale même. Et la saleté est perceptible dès l’entrée. Une saleté massive produite par la foule demarchands de viande crue, de rôtisseurs de soya (viande  braisée) et la multitude des débits de boissons. Cette crasse à l’entrée de cette entreprise parapublique donne une idée de celle qui se trouve à l’intérieur.

A l’intérieur, la saleté, la plupart de temps n’est pas trop visible, mais alors, elle empeste. Parce qu’il y a des jours où après l’abattage, l’eau est finie dans les bacs, et on ne peut pas nettoyer. On verse seulement un peu d’eau sur lr sol pour que le surplus de sang parte de la salle. Les murs où le sang a giclé restent Mais, l’entretien demande qu’on mette l’eau de javel, le Dtnet, et divers autres désinfectants propres à ce genre de nettoyage. Des produits qui permettent d’éradiquer tous les microbes qui s’incrustent dans le sol et sur les murs. Et le lendemain, on revient abattre les bœufs dans la même crasse, aggravée par une puanteur insoutenable. Une puanteur qui s’accroit au fil des semaines.

De l’eau douteuse

Mais pourquoi n’utilise-t-on plus l’eau de javelet autres pour le nettoyage ? Des sources proches du management de la Sodepa à Douala indiquent que les fournisseurs refusent de continuer d’approvisionner la société à cause des piles de factures impayées qu’ils ont accumulées.

Trop souvent aussi, alors qu’il y a de l’eau, ce sont les pompes d’évacuation des eaux souillées qui sont en panne. Les individus commis au nettoyage ne pouvant faire des miracles pour faire disparaitre lesdites eaux, ces eaux souillées stagnent dans le coin avec pour conséquences la puanteur, la prolifération des microbes.

S’agissant de la qualité de l’eau utilisée ici, il est utile de relever que celle-ci est de qualité plus que douteuse. En effet, cette eau vient des bacs du point de ravitaillement à moitié remplis de boue, pour être stockée dans une cuve rouillée. C’est cette eau que la station de pompage envoie à l’intérieur pour laver la viande de bœuf, et pour le nettoyage

Autre facteur participant au renforcement de la présence de la crasse à la Sodepa, le sous-effectif du service d’entretien. En effet, on apprend des mêmes sources que ce service a été décapité. Autrefois, le service d’entretien était très important et comptait trente-deux personnes. Aujourd’hui, il n’y en a plus que cinq y compris le chef du service. Certains membres de l’équipe d’entretien ont été mutés dans d’autres services (à l’instar de la chaîne d’abattage), d’autres sont morts, d’autres encore ont été remerciés. Ainsi, ce service a été systématiquement vidé sans qu’aucun remplacement ne soit fait. «Tout récemment (en mars et en août respectivement), on a perdu deux collègues qui opéraient dans le service d’entretien et ils n’ont jamais été remplacés, pas même par des bénévoles». Une autre source interne de la société se demande «comment le patron peut penser que quatre personnes sont capables de faire un travail qu’accomplissaient déjà très péniblement trente-deux solides gaillards ?».

Les principaux endroits qui doivent être nettoyés : toute la chaine d’abattage qui va de la contention (le lieu où on abat le bœuf), jusqu’au salon (l’endroit où on stocke la viande de bœuf), la chambre froide. Malheureusement, au vu de tout ce qui précède, les jours de nettoyage sont sautés ou alors le nettoyage est galvaudé. Et il n’existe pas de service de contrôle de qualité, ni aucun autre service pour s’assurer que l’entretien est fait correctement.

Pour terminer, on devrait aussi relever pour le souligner, que la manipulation de la viande de bœuf,à l’abattoir de le Sodepa à Douala, est laissée entre des mains à la santé incertaine. En effet, les différents poste de travail de la chaîne d’abattage sont encombrés par ce qu’on appelle ici des bénévoles. Ces personnes ne sont soumises à aucun contrôle médical, avant de commencer à manipuler la viande, d’un bout à l’autre de la chaîne d’abattage. Il faut comprendre par bénévole, des individus qui ne sont inscrits ni sur la liste des travailleurs permanents, ni sur la liste des travailleurs temporaires de la Sodepa mais qui, chaque jour, viennent ici chercher leur pain quotidien voire plus. Ils payent six cents francs de droits d’entrée pour travailler et sont payés en nature ou en espèce. Par exemple, le « mallam » (dignitaire musulman) qui coupe la tête des bœufs, au couteau sur le sol pourri, est un bénévole. Il gagne trois cents francs par bœuf abattu. Il peut en abattre plus d’une centaine par jour.L’une des causes des dysfonctionnements de la Sodepa est qu’il y a plus de bénévolat que de travailleurs permanents et temporaires.

Ben Bagtik

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