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Cameroun : le manioc continue de pourrir dans les champs

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manioc-racineLes scientifiques conseillent de choisir des semences saines pour remédier à ce phénomène.

La question revient sur les lèvres à Nko-Anga, petit village du département de la Mefou et Afamba situé à une heure de route du centre ville de Yaoundé, dans la région du Centre. Jacqueline Aboka, reconvertie dans l’agriculture à sa retraite, pense même que le fait est mystique.

La moitié de son champ de manioc est attaquée par la pourriture. « Lorsque j’arrache la tige de manioc, je me rends compte que tous les tubercules ont été réduits en pâte. Je ne récupère rien. En plus, il se dégage une forte chaleur  et une mauvaise odeur de l’endroit où le manioc a été déterré », se plaint-elle. Jacqueline  se dit inquiète du lendemain. Le manioc pour elle, comme pour les autres habitants de ce village, est un aliment de base. Ici, comme dans l’ensemble de la région,  il se mange sous-forme de tubercules cuits, sous formes de farine ou de bâtons (forme de pâte obtenue après fermentation du manioc dans de l’eau  et qu’on emballe dans des feuilles de jonc avant de cuir). D’où les différentes supputations qui se font ça-et-là sur l’avenir de la culture de cette tubercule.

Samuel Nanga Nanga, ingénieur agronome en service à l’Institut international d’agriculture tropicale rassure qu’il n’y a rien de sorcier au phénomène de pourriture du manioc. «Le manioc n’échappe pas aux attaques des fongiques et aux champignons qui provoquent sa détérioration », explique-t-il. Parmi les pathologies les plus courantes auxquelles est exposé ce produit agricole, l’agronome cite les champignons à fusarium qui  peuvent être la cause de la pourriture dont se plaignent les paysans. « Parfois les insectes, comme la cochenille africaine s’installent dans le champ. C’est d’ailleurs le gros problème des plantations de la région du centre Cameroun », ajoute-t-il. « Il s’agit des insectes piqueurs qui se posent sur la tige du manioc. Quand elles meurent, elles, laissent des trous sur la tige. Et ces trous sont des portes d’entrée aux champignons », décrit-il.

 Pourtant, il n’existe pas encore de produits pour remédier à la situation. Apaulin Fotso Kuate, chercheur en entomologie agricole conseille aux paysans d’utiliser les boutures de manioc de qualité. Il leur demande de se rapprocher des programmes mis en place par le ministère de l’agriculture et du Développement rural. Pour ceux qui ne peuvent pas le faire, le chercheur prescrit l’utilisation des boutures coupées de tiges saines. « Lorsque vous allez dans un champ, prendre les boutures sur les plantes qui ont par exemple des feuilles fraiches et abondantes, il ne faut surtout pas couper les boutures sur les pieds qui ont déjà la maladie de peur de propager les champignons », prescrit-il.

 En 2004, l’organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture a estimé à 200 millions de tonnes la production annuelle du manioc sur 20 millions d’hectares de plantation. Au Cameroun, la consommation individuelle du manioc est d’à peu près  175 kg par an. Au vu de la place qu’occupe cette denrée alimentaire dans notre société, le gouvernement a lancé en septembre 2012, un programme national de vulgarisation du manioc. Avec le concours de International Institute of Tropical Agriculture (Itaa), 1500 personnes ont été choisies dans un premier temps. Elles  vont aider à vulgariser les cinq nouvelles variétés de manioc qui ont chacune des spécificités selon les usages qu’on veut en faire.

 Adrienne Engono Moussang

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