Ingénieur agronome, président de l’association citoyenne de défense des intérêts collectifs (ACDIC) et président du CRAC (Croire au Cameroun), un parti politique qui fait de l’agriculture son cheval de bataille, Bernard Njonga parle de la gestion approximative de la crise de la grippe aviaire qui touche le Cameroun et regrette que les éleveurs soient laissés a leur sort sans appuis.
Comment entrevoyez- vous les conséquences de cette grippe aviaire au Cameroun ?
Il sera difficile d’évaluer les pertes des petits producteurs. Le plus dur reste à venir. Je le dis sans ambages, l’année 2017 sera une année de crise dans le secteur avicole. Au Complexe avicole de Mvog-Besti, tout a été détruit. Or c ‘est le premier fournisseur des poussins d’un jour dans la région du Centre et même au-delà. Imaginez un temps qu’il faudra pour reconstituer le cheptel. C’est maintenant qu’il faut commencer à préparer cette crise à venir.
Les décideurs ont-ils pleinement joué leur rôle jusqu’ ‘ici ?
J ai observé beaucoup de légèreté de la part du Ministère des Pêches, de l’élevage et des industries animales. En matière de communication, chacun y va de ses intérêts. Voyez vous, la décentralisation d’interdiction de la circulation relève du jamais vu. Sur le terrain chaque Gouverneur de région y va de son humeur. J ai observé beaucoup d’égarements. Certains policiers et vétérinaires s’arrogent le pouvoir d’effectuer les contrôles et abusent des producteurs-aviculteurs. Mais personne n’abuse de son pouvoir pour aider les victimes de cette épizootie. Ce cafouillage arrange beaucoup de personnes. Nous déplorons donc l’absence d’organisation mise en place pour gérer ce genre de crise tant au niveau de l’Etat qu’au niveau de l’interprofession.
Que faudrait –il donc faire ?
Il faut commencer par rassurer le producteur d’un soutien inconditionnel et indéfectible. Mais est-ce le cas actuellement ? Non. J’ observe qu’il n’y a pas de volonté politique à mettre fin à cette crise. Pourtant, la filière avicole nationale tourne autour de 4% du PIB. Le marché de Mvog Ada qui, dit-on, a été désinfecté, est encore couvert de crottes. Dans le foyer de Bayangam à l’Ouest du Cameroun, l’éleveur dont la ferme a été déclarée infectée a reçu comme matériel de désinfection une dame-jeanne de chaux vive, et ce sont ses propres pulvérisateurs qu’il devait utiliser pour appliquer le produit (rires). Ce matériel n’existe-t-il pas au Minepia ? Je suis surpris de la manière donc les choses sont gérées. Les aviculteurs sont abandonnés.
Propos recueillis par Charles Joel Tsiri