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Cameroun : eldorado des aliments périmés

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gal-1711874La capitale économique du Cameroun est devenu un grand centre de distribution d’aliments importés périmés. Une activité dangereuse que rien ne semble arrêter. Pour acheter une boîte de sardine ou un paquet de biscuits, le consommateur ne peut plus se fier exclusivement à la date de péremption portée sur l’étiquette du produit. Il faudrait désormais faire preuve de vigilance et de curiosité.Le Marché Mboppi de Douala, le plus grand marché d’Afrique centrale spécialisé dans la vente en gros et en détail, et certains grands magasins de la même ville, sont au cœur de ce vaste trafic de rajeunissement des produits de consommation courante.

Il n’est pas rare de trouver assis dans les couloirs de ce marché, un petit groupe de deux à quatre personnes armées d’un grand pot de colle et d’un carton d’étiquettes neuves fabriquées dans une imprimerie locale, qu’ils plaquent sur des boîtes de thon, de lait ou autre ; leur donnant ainsi un nouveau sursis sur le marché.

La pratique est si ordinaire que ces individus ne prennent plus la peine de dissimuler leur activité aux chalands qui, de temps en temps, jettent un regard désabusé sur cette manœuvre, encore moins aux commerçants du voisinage qui sont certainement au courant de la combine.

Si le marché Mboppi est le laboratoire où s’opère le rajeunissement des conserves, le carrefour Ndokotti, une périphérie de la ville de Douala et le marché central de Douala apparaissent comme les lieux de prédilection de vente de ces aliments rajeunis. Des produits qui ont une clientèle certaine, au vu des prix modiques pratiqués et de la pauvreté ambiante qui règne au Cameroun.

Par exemple, il existe dans la métropole économique camerounaise, des spaghettis vendus au tiers de leur prix normal, qui se transforment lorsqu’ils sont cuits en bouillie, à cause du poids des ans et des mauvaises conditions de conservation. L’on y trouve aussi des boites de tomate rouillées et parfois percées de petits trous et dont le prix attractif incite à l’achat (3 boîtes de 250 grammes à 100 FCFA (0,20 d’euro), du lait visqueux, du beurre rance, du chocolat pourri, des bonbons gluants… Des produits dont les marques sont trop souvent plus ou moins inconnues des consommateurs locaux.

S’il est déjà périlleux de consommer une boîte de conserve à un mois de sa date de péremption, qu’en serait-il, six à douze mois plus tard ? D’après le Dr Léon Dikangi, médecin exerçant à Douala, « l’impact des produits avariés sur la santé est très négatif. Les produits pour la plupart sont fait de matières que le corps n’assimile pas facilement. Encore plus, lorsqu’ils courent au delà de la date de péremption, ils deviennent tout simplement des poisons. Pour être souple, on dit que ce sont des toxines. Si nous prenons seulement le cas d’une sardine dont la date de péremption n’est plus définie et qu’on la consomme, les microbes qui constituaient la flore organique se développent et se multiplient rapidement et peuvent provoquer le coma, la mort, en fonction de la résistance du corps ».

L’éradication de cette pratique n’est sans doute pas pour demain. Isaac Guy Nguidjol, le président du front national des consommateurs, une association basée à Douala et qui œuvre à la protection des consommateurs affirme qu’il s’agit d’une véritable mafia dont les réseaux s’étendent des importateurs de ces produits jusqu’aux petits détaillants et qui dispose de filières de distribution particulière.

 

Josué Yetna

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