Décriée par les populations, dénoncée par l’ex société nationale des eaux du Cameroun (Snec), interdite par le gouvernement, la décharge de pk10qui pollue, les eaux du chenal de Massoumbou reste toujours utilisée par la société Hysacam pour le dépôt des ordures ménagères et industrielles malgré toutes les mesures initiées pour sa délocalisation. Plusieurs fois annoncée, la délocalisation de la décharge de pk10 n’a jamais été effective.
En effet, de sources proches du dossier dans les services du gouvernorat, la commission créée par arrêté n° 005/A/C/SG/CA du 17 janvier 2005 est inefficace. D’après ses responsables, deux sites avaient été trouvés pour l’aménagement des nouvelles décharges. Mais au moment de rentrer dans la phase d’aménagement, les populations autochtones ont fait valoir des titres fonciers sur lesdits sites. Depuis six ans, le dossier est abandonné. La pollution de l’eau continue son œuvre néfaste au grand dam des populations riveraines.
Le contexte
Il faut dire que les 16 et 17 septembre 2004, le ministre du défunt ministère de l’environnement et des forêts alors en tournée à Douala, prescrivait la fermeture du site de Pk-10, le traitement des ordures ménagères ainsi que les eaux noires découlant de la décomposition desdites ordures, et enfin la recherche d’un site définitif.
Au cours de la réunion qu’il avait présidée dans ses services les 11 et 17 janvier 2005, conclave auquel avaient pris part, entre autres, les responsables de la Cud, du ministère de l’environnement, de la société Hysacam, le gouverneur de la région du Littoral, avait réitéré la position du gouvernement qui est celle du choix d’un site définitif pour la décharge des déchets solides et le traitement des eaux de surface à Douala. C’est dans cette optique qu’une commission régionale avait été créée. Cette commission avait pour mission « de rechercher et de trouver le ou les sites de plus de 100 hectares susceptibles d’accueillir la décharge d’ordures ainsi que les déchets liquides de la ville de Douala ».
Selon une source proche du dossier, la délocalisation de l’actuel site devrait coûter environ 04 milliards Fcfa aux pouvoirs publics.
Eau douteuse
Deux requêtes aux fins d’analyses physico-chimiques de l’eau issue du chenal de Massoumbou à Japoma au Nord de Douala, avaient été adressées au Institut Pasteur de Yaoundé à la demande de l’Administrateur Provisoire de l’ex Snec et du ministre de l’environnement au mois de septembre 2004. Les premiers résultats parvenus au ministère de l’environnement en novembre 2004, bien que présentant une situation stable, attiraient l’attention des pouvoirs publics sur une possible altération de la qualité de l’eau qui alimente la ville de Douala.
En décembre 2004, dans une lettre adressée à l’Administrateur Provisoire de l’ex Snec, l’ex- ministre de la santé publique, Urbain Olanguena Awono affirmait : « le constat fait par vos services vient d’être confirmé par les résultats d’analyses physico-chimiques des eaux souillées issues de la digestion des déchets de la décharge de Pk-10 ».
Au mois de juillet et août 2004, les services techniques de l’ex Snec, en procédant aux analyses physico-chimiques de l’eau destinée à la consommation, notaient une altération de la qualité de l’eau du chenal de Massoumbou à Japoma. Les recherches menées sur le terrain avaient abouti à la décharge de Pk-10 qui, selon les agents de l’ex Snec, serait à l’origine de la dégradation de l’eau destinée aux populations.
Une situation qui avait amené les responsables de l’ex Snec à prendre les mesures conservatoires d’urgence. Telles la réduction de 30% de la quantité d’eau brute prélevée dans le chenal, l’augmentation de la quantité d’eau provenant de la Dibamba pour couvrir la différence, la diminution de la quantité d’eau pompée vers Douala et l’augmentation de plus de 100% des quantités de produits nécessaires au traitement habituels de l’eau.
Ayissi Albert Anatole