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Cameroun : la contrefaçon et la fraude des produits phytosanitaires ont la peau dure

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agricoleComment débarrasser l’agriculture camerounaise de la fraude et de la contrefaçon des produits phytosanitaire qui prennent un peu plus d’envergure au fil des ans. Telle la question qui turlupine les experts.

Depuis quelques années déjà, le constat est clair : la présence des produits phytosanitaires de contrebande et de la fraude ont envahi l’agriculture au Cameroun.  Des sources proches du dossier certifient que le  Parastar par exemple, « qui est efficace dans le traitement des cacaoyers et de bien d’autres produits agricoles est fortement manipulé par les contrebandiers ». C’est le lieu de signaler s’agissant de ce produit, qu’en 2013, celui-ci avait fait l’objet d’une importante saisie de la part de la délégation régionale du commerce du Sud-ouest, particulièrement à Kumba, en raison de sa contrefaçon. Le Parastar, faudrait-il le préciser, est un « puissant insecticide systémique et contact recommandé en utilisation préventive et curative des mérides du cacaoyer ».

Des sources proches de la délégation régionale du Minader pour le Littoral renseignent que le Parastar n’est pas le seul produit victime de la fraude et de la contrefaçon. De nombreux autres produits phytosanitaires homologués (Almoxone super, Callomil, Penncozeb 75 DG, Cypercal, Nordox etc.) n’échappent pas aux velléités des faussaires. Christian Fosso, expert en phytopharmacie et directeur général de Fimex international expliquant la manifestation de la fraude et la contrefaction ici concernées précise que « la fraude est considérée comme étant la mise sur le marché des produits interdits, des produits illicites, prohibés et non homologués. Parmi ceux-ci, des produits dont l’homologation a expiré, des produits qui viennent des pays voisins et qui ne sont pas autorisés dans le pays, des produits qui ont été utilisés dans le passé, mais qui sont, pour des raisons diverses, interdites d’importation au Cameroun. Et enfin nous avons des produits  « not for sale », qui sont des produits que l’état a mis à distribution pour accompagner l’agriculture. Ces produits sont ce qu’on appelle de manière générale des faux produits ou produits contrefaits et ils sont sur le marché ».

Une chose pour laquelle tout le monde est d’accord est que ces pratiques répréhensibles sur les produits phytosanitaires ont la peau dure. Et à la question de savoir pourquoi ce phénomène perdure, Christian Fosso explique que : « Les gens veulent parfois se débarrasser des stocks de produits qu’ils ont du mal à se vendre. Ceci parce que la demande est insuffisante, le conditionnement est inadapté, le produit est périmé, etc. mais la cause majeure c’est le contournement des stocks par certains opérateurs. En l’absence d’un produit majeur et original demandé sur le marché, les gens peuvent falsifier l’étiquette d’un produit qui est moins demandés pour contourner cette rupture de stocks. Ils y a des cas de figure où la rude concurrence des prix faits que les gens sont emmenés à mettre sur le marché des produits dilués. Autre raison, il y en a qui veulent contourner la fiscalité ».

Et l’impact sur les entreprises et la production agricole est fortement négatif. Selon le CICC, le département du Moungo par exemple a commercialisé 26127,4 tonnes de  café en 2014/2015, contre 2993,9 tonnes  durant la campagne précédente  (2013-2014). Soit une baisse de 12% en valeur relative.  Une baisse que les producteurs attribuent en partie à l’usage des produits phytosanitaires.

Au plan national, l’on peine à atteindre les 240 000 tonnes de cacao produites en 2011 depuis  quatre ans. La production a chuté atteignant 200 000 tonnes 2012.

Pour le Directeur général de Fimex qui est l’un des principaux perdant dans cette affaire de fraude et de contrefaçon des produis phytosanitaires explique que «le commerce illicite des produits phytosanitaires est une menace pour la santé des populations, une menace pour la production agricole et une menace pour l’économie familiale. Imaginez un endroit où la seule source de revenus est et vous utilisiez des produits qui ne vous donnent pas le rendement escompté. Imaginez-vous un peu l’impacte sur la famille, en terme d’éducation des enfants, de santé et d’insécurité que cela va générer ».

Esquisse de solution

En décembre 2015, s’est tenu à Yaoundé Un atelier sur la gestion de la protection phytosanitaire en Afrique qui était organisé par le Conseil Phytosanitaire de l’Union Africaine (Cpi-UA), avec à l’appui l’Union européenne, dans le but de renforcer les capacités des responsables en charge de la protection des végétaux en Afrique dans la gestion efficace du secteur phytosanitaire. Les participants ont proposé comme solution pour inverser cette propension à la fraude et à la contrefaçon qui pourrait s’expliquer en partie par le fait que la production nationale des produits phytosanitaires est encore artisanale, qu’il est urgent que les producteurs se regroupent en sociétés coopératives et par filières afin de développer des stratégies d’accès à des financements importants qui leur permettraient d’offrir des produits compétitifs sur les marchés extérieurs et notamment celui de l’Union Européenne. Une excellente opportunité que les opérateurs économiques nationaux pourraient capitaliser  en s’investissant dans la filière, faute de quoi l’objectif d’accéder à l’agriculture de seconde génération ne saurait être atteint.

Par ailleurs, il a été aussi évoqué le déficit de personnel qualifié. En effet, bien que disposant d’un laboratoire d’analyse des produits et d’intrants agricoles et d’un réseau de 50 postes de police phytosanitaire, le Cameroun, tout comme de nombreux pays africains est confronté au déficit du personnel qualifié et au non respect des normes d’un point de vue infrastructurel.

Cedric Pokam

  1. TCHAMANGO dit

    La baisse des rendements agricoles est aussi en partie due l\’utilisation des produits phytosanitaires de mauvaises qualités non homologués. La première victoire serait la lutte contre les produits contrefaits, c\’est la sensibilisation des petits, moyens et gros producteurs sur la qualité des produits phytosanitaires à utiliser pour augmenter les rendements et les lieux oû on peut les trouver (producteurs ou distributeurs certifiés). ceci impose la necessité des producteurs de se mettre ensemble dans les GICS, groupement de GICs, Coopératives ou Association pour défendre une même cause commune, la production des produits en quantité et en qualité afin de battre les autres produits au niveau national, sous-régionale et internationale.

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