Acculée jusqu’à ses derniers retranchements par le boom démographique, dévastée au quotidien par les fabricants de charbon et les promoteurs de carrières de sable, pour ne citer que ceux-là, la mangrove camerounaise a été réduite à sa portion congrue. D’après le ministère de l’Environnement, de la Protection de la nature et du Développement durable (MINEPDED), la mangrove camerounaise qui couvrait une superficie de 272.000 hectares en 1980, ne représente que 195.000 hectares actuellement. La côte d’alerte est déjà dépassée, d’où la détermination des pouvoirs publics de mettre un terme à la recréation.
C’est ainsi que le gouvernement camerounais et des organisme internationaux ont décidé de débloquer trois milliards de Fcfa pour un programme de régénération des mangroves. Ce programme qui va s’étaler sur une période de cinq ans, devrait permettre de reconstruire une bonne partie de la mangrove sujette à une destruction sans borne au Cameroun ces trente dernières années.
Pour s’assurer de grandes chances de réussite dans ce projet qui concerne une superficie de 590 km², et qui part des confins de la frontière avec le Nigeria, à celle avec la Guinée Equatoriale, en passant par la péninsule de Bakassi dans la région du Sud-ouest et le fleuve Wouri dans la région du Littoral, le gouvernement a décidé de mettre à contribution l’expérience internationale en la matière.
On distingue donc à ses côtés dans cette opération de reconstruction de la mangrove, la participation de plusieurs organismes à l’instar du Fonds pour l’environnement mondial (Fem) dont la contribution dans le budget de l’opération est de 800 millions Fcfa, Cameroon wildlife qui contribue à hauteur de 445 millions Fcfa, Cameroon ecology qui donne 350 millions Fcfa, l’Organisation des nations unies pour l’agriculture et l’alimentation (Fao) dont l’apport est 200 millions dans la cagnotte, et la Fao-Cameroun qui va financer les études préliminaires pour 140 millions Fcfa. A noter que la contribution du Cameroun est de 700 millions Fcfa.
Cette initiative est louable. Parce que « Au plan écologique, la mangrove est très active dans la stabilisation des sols les limons qui y abondent fertilisent le sol tandis que le sable filtre l’eau et la végétation régule le microclimat. C’est une zone de frayère pour la reproduction halieutique. Feuilles, brindilles et écorces des arbres constituent les fondements d’un important réseau trophique avec à sa base les détritivores. Les mangroves offrent une protection contre les vents et la houle limitant de ce fait l’érosion littorale. L’abondante végétation de la mangrove contribue par ailleurs à la lutte contre le réchauffement climatique à l’échelle mondiale en piégeant une partie du carbone, » tient à rappeler Uilrich WAFFO -Université de Yaoundé 1 – Maitrise 2009-
Mais la question que l’on est en droit de se poser est celle de savoir quelles sont les chances réelles de succès de cette opération de réhabilitation de la mangrove camerounaises ; lorsqu’on sait que les coupeurs de bois et tous les autres agents de sa destruction ne sont pas prêts de lâcher prise. Isidore Hamadou producteur de charbon à Pk 35 une zone très proche de la mangrove camerounaise se dit inquiet par cette option du gouvernement camerounais. « La mangrove c’est notre gagne-pain » affirme –t-il. Aussi, il espère que le projet de 3 milliards prend en compte le manque à gagner des personnes vivant de la mangrove.
Cedric Pokam