La filière cacao camerounaise est à la croisée des chemins. Les chiffres de la dernière campagne sont sans appel : -15% de production, -21 milliards de recettes d’exportation. Le secteur s’enfonce inexorablement. Jusqu’à quand fermer les yeux sur cette hémorragie silencieuse ?
Car derrière ces statistiques se cachent des hommes et des femmes qui vivent du cacao. Petits producteurs des régions du Centre et du Sud-Ouest principalement, dont le dur labeur ne suffit même plus à enrayer le déclin.
Le Sud-Ouest, théâtre d’un conflit larvé, a vu sa contribution fondre de 40% en un an. Pendant ce temps, les industriels du cacao « de qualité » se gavent de leurs profits sur le dos des planteurs. Et les exportateurs battent chaque année des records de ventes vers l’Asie et l’Europe.

Où est la richesse dans tout cela ? Certainement pas dans les villages cacaoyers camerounais. La précarité y règne, masquée par les discours lénifiants des élites.
Il est plus que temps de tirer la sonnette d’alarme et d’agir. Les planteurs de cacao ne sont pas une variable d’ajustement. Ce sont des maillons essentiels dans une filière qui rapporte des milliards. Il faut les soutenir, les écouter, améliorer leurs rendements et leurs conditions de vie.
L’or brun du Cameroun ne doit pas devenir un legs empoisonné pour la jeunesse des régions productrices. Redonnons ses lettres de noblesse à ce secteur qui fut longtemps le moteur de l’économie camerounaise. Avant qu’il ne soit trop tard.