Ingénieure de génie civile et d’urbanisme, formée à l’école polytechnique de Yaoundé, promotion 96, Arlette Tchapoya commence à travailler à Hysacam en 1997, où elle sera la première femme Cheffe d’exploitation dans un métier réputé pénible pour les femmes. La propreté urbaine occupant essentiellement une main d’ouvre masculine, pour la collecte, le transport et le traitement des déchets ménagers.
Dès 2008, à la faveur d’une opportunité sur les MDP en Afrique, elle propose au sein de l’entreprise Hysacam, les premiers projets de développement propre par le traitement et le captage du méthane. Hysacam crée les premières unités de production de biomasse en Afrique centrale et au Cameroun. Elle est une des chevilles ouvrières desou alternatives. Il n’est pas étonnant qu’elle soit aujourd’hui, directrice générale d’Africa Waste Energie (AWE). Lisez plutôt.
Bosangi :Qu’est-ce que AWE ?
Arlette Tchapoya : Africa waste Energie, est un entreprise crée en octobre 2014, par le groupe Hysacam, pour répondre aux problèmes spécifiques de la valorisation et du développement des ressources que l’on peut tirer de l’exploitation des déchets ménagers. Elle est créé avec la participation des employés d’Hysacam, qui vont en être actionnaires afin de renforcer la filière et de consolider son autonomie, Une façon de faire grandir les éboueurs et de le rendre maitres des richesses qu’ils créent par leur travail. C’est en somme un modèle intégré de développement durable. Elle est lancée d’abord avec un capital de 10 millions de FCFA. mais dès Janvier 2017, les associés s’accordent à porter le capital à 100 millions, conscients de ce que représente comme avenir durable l’exploitation des nouvelles énergies , hors des ressources fossiles .Elle va se fixer un objectif : fournir de l’électricité à partir des déchets mais aussi proposer des solutions alternatives compte tenu de la crise de l’alimentation domestique en électricité ,comme le solaire aux petites entreprise . La valorisation énergétique étant une des pierres angulaires du développement !
Justement la valorisation énergétique, tout le monde en parle. Mais qu’est-ce que c’est au juste ?
Sans vous assener un cours magistral, je dirais que la valorisation énergétique, est une manière de tire le profit maximum de toute matière afin qu’elle soit une nouvelle ressource utile à la vie quotidienne à un moindre cout aussi bien écologique et qu’économique, autant dans les grands centres urbains que dans nos villages. Dans le cas d’espèce il s’agit de produire de l’électricité par l’exploitation des déchets par un dispositif de transformation efficace mais simple, avec une main d’œuvre appropriée et compétente. Autrement dit produire de l’électricité par la biomasse qui a un fort potentiel calorifique.
Mais l’Afrique et le Cameroun sont-ils outillés pour ces innovations ?
Au Cameroun, nous captons déjà le méthane dans nos centrales de production, à Douala et à Yaoundé, et nous le traitons par incinération. Pour le moment nous nous sommes inscrits dans le Mécanisme pour le Développement Propre (MDP), une des mesures conjointes du protocole de Kyoto. Ce dispositif contractuel et d’échange pas toujours égal, nous permet cependant de jouer un rôle non négligeable dans la lutte contre le réchauffement climatique, en contribuant à la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Notre production de tonnes équivalent carbone est régulièrement validés par l’Onu, et nous vendons, hélas à un très faible taux, le Co2, ainsi obtenu. Par ailleurs nous envisageons de créer plusieurs unités de production d’énergie électrique dans des villes de moyenne importance comme Bafoussam par exemple. Et le Cameroun, s’est doté d’outils juridiques et d’un cadre réglementaire qui ôte le monopole de la distribution, de la vente et du transport de l’électricité à une seule compagnie. La loi de décembre 2012 a libéralisé le secteur de la production de l’électricité et depuis 2015, la gestion du réseau de transport a été aussi libéralisée. La technologie est maitrisée. Le véritable problème reste le financement de cette nouvelle économie. C’est là où le bât blesse effectivement.
Vous voyez un avenir ? Comment financer ses initiatives ?
Le problème est que ce mode de production d’énergie est écologiquement utile mais rentable seulement à très long terme. Lorsqu’un industriel se lance dans une telle entreprise, les banques commerciales ont du mal à l’accompagner et ne voit pas l’intérêt à long terme pour les générations futures. Il faut donc imaginer de nouveaux modes de financement pour soutenir la croissance verte et le développement durable. Les énergies renouvelables sont pourtant un levier de demain. Et le Cameroun d’une certaine manière est en train d’offrir à l’Afrique, un modèle pour le mix- énergétique dont on parle tant.
Vous revenez du Maroc Le Maroc vous semble-t-il prêt à accueillir la Cop 22 ?
Totalement. D’abord du fait de ses infrastructures. Grâce aussi à ses nombreuses expériences sur le solaire, l’éolienne etc. Ensuite la mobilisation de ses scientifiques, de ses hommes d’affaires et même les politiques. D’ailleurs ils ont fait une sacrée impression à la Cop 21 en novembre et décembre dernier en France.
Propos recueillis par Janvier NGWANZA OWONO