Non. Le rire, comme le sourire, est inné chez les primates. Et, bien qu’il ait été longtemps perçu comme une expression diabolique à bannir, le rire est en fait un pur reflexe. Chez l’homme, le sourire se manifeste très tôt : dès l’âge de 2 à 3 semaines ! Il s’agit même de la première ébauche spontanée de communication entre le nouveau-né et sa mère.
Tandis que le tout premier rire se manifeste, lui, autour de 5 mois, lorsque le développement cognitif du bébé le rend apte à répondre à des stimulations complexes, sous l’effet de la surprise, de la nouveauté… et donc de façon totalement involontaire.
Bien que le rire dérange la respiration normale, le corps humain est naturellement prêt à le laisser s’exprimer. Personne n’apprend donc à rire. Le tronc cérébral, et plus particulièrement le bulbe rachidien qui contrôle la respiration, sait adapter spontanément volume et rythme respiratoires pour maintenir constants les taux d’oxygène et de dioxyde de carbone dans le corps-et éviter l’essoufflement.
En revanche, si le fait de rire est inné, la façon de rire et les situations qui le déclenchent sont soumis à l’influence socio culturelle, puisque les humains vivent en communauté. Ce qu’on apprend donc c’est maitriser son expression. Selon Michel Fize, sociologue au CNRS et auteur de faites l’humour, pas la gueule, « dès que l’enfant atteint 6 à7 ans, l’éducation l’aide à identifier les situations où il peut rire et celles où il ne peut pas ».
Un contrôle qui permet la synchronisation émotionnelle avec d’autres individus et, par là, la délimitation des groupes sociaux : un sourire ou un rire peuvent accueillir ou exclure.
Des fonctions sociales qui ne sont, elles, pas innées mais acquises. « il y a un aspect biologique, car tous les humains rient, résume Amélie Deschenaux, doctorante en sciences cognitives à l’université de Neuchâtel (suisse). Et un autre anthropologique, puisque ce qui nous faire change en fonction des époques, du contexte ou de la culture »
LP.C
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