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«Une naissance sur cent est touchée par l’autisme au Cameroun»

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musicothérapieAvant, c’était une naissance pour dix mille. De l’avis de l’Orthophoniste d’Etat en activité au Centre Orchidée Home, Mr Maoma Souhe Souhe Djon , l’heure est à la sensibilisation générale, mais surtout des femmes. Qui peuvent, via leur comportement pendant la grossesse donner naissance à un autiste.

 Comment définit-on l’autisme ?

L’autisme est un trouble du développement qui mine les enfants en bas-âge et qui se manifeste avec des difficultés au fur et à mesure qu’ils grandissent. De nos jours, on parle plutôt de Troubles du spectre autistique. Ce sont les nouvelles appellations de l’autisme mais qui ne changent en rien le handicap en lui-même. L’autisme est une maladie dans le cas ou le sujet est en souffrance, mais on parle beaucoup plus de handicap parce que le handicap est un trouble que l’on traite et qui n’est pas guérissable. On trouve des solutions avec la rééducation.

 Comment survient le handicap ? C’est une fatalité?

Il n’y a pas de fatalité. On va dire que les enfants autistes naissent autistes, c’est un trouble neurobiologique constaté dans le développement de l’enfant. On ne devient pas autiste, on nait autiste. La plupart des parents ont comme l’impression que les enfants deviennent autistes parce que, dans la tendre enfance on voit que l’enfant a un comportement normal et à partir de 2 ans et demi, on commence à constater une régression dans les capacités que l’enfant devrait pouvoir avoir. Et quand on compare avec les pairs, on se dit que l’enfant a acquis ce handicap, alors qu’il est né avec.

 Y a-t-il des comportements qui prédisposent à ce trouble ?

Il y a une bonne dose d’hérédité dans l’autisme mais il est dû aussi au changement neurobiologique des parents par la modification de leur façon de faire. C’est le cas des femmes qui sont hyper stressées, hyper  angoissées. L’autisme peut être du à la consommation d’alcool par les femmes, la prise des médicaments qui sont interdits ou qui n’ont pas été prescrits à la femme enceinte. Toute cette dose de médicaments peut avoir un impact sur le fœtus. Il y a en fait plusieurs facteurs, notamment la peinture qu’une femme enceinte inhale, le fonctionnement psychologique de la femme elle-même.

 A quoi reconnait-on un enfant atteint d’autisme ?

 Quand on est le plus regardant possible, à partie de 2 ans, trois ans, on voit les premières manifestations de l’autisme. C’est d’abord au niveau de la socialisation. L’enfant ne va pas entrer en interaction avec les autres, comme le font ses semblables. C’est un enfant qui est indifférent à la présence de sa mère, quand on sait qu’à cet âge l’enfant est très attaché à sa mère. Il ne va pas chercher à s’informer sur quelque chose qui est hors de lui.

 Sur le plan de la communication, il ne va pas pouvoir entrer en communication avec son alter-ego. Quand il est dans une situation angoissante, la seule façon pour lui de le faire savoir c’est à travers des crises. Ça c’est pour des autistes non verbaux.

Pour les autistes qui parlent, ils vont répéter un mot déjà entendu qui n’est pas contextuel, ou bien ils vont utiliser un mot qui a un rapport ou pas avec la situation qu’ils vivent. C‘est des gens pour qui le monde fonctionne de la même manière. Ils ne pourront pas s’adapter aux nouvelles transformations de la société qui font que les informations sont chaque fois nouvelles pour eux, ce qui fait qu’ils ont du mal à s’adapter. Ça va entraîner un trouble du comportement, des crises, des frustrations.

Pour nous résumer, c’est des gens qui communiquent pour certains, et pas pour d’autres ; ils vont passer le temps à sculpter la lumière au lieu de rester avec leurs semblables ; ils manifestent leur colère par des crises qui peuvent être graves. On a par exemple des enfants qui arrivent à se mordre eux-mêmes, ce qu’on appelle de l’automutilation.

L’enfant autiste est-il au courant de son problème ?  

 C’est une question qui doit être répondue de deux manières. De prime abord on dira non parce que l’enfant se comporte comme si tout allait bien dans son monde. Il ne souffre de rien, il n’a aucun problème, il considère le fonctionnement du monde comme allant de soi, c’est-à-dire que le monde devrait fonctionner comme il le pense. Dans ce cas, l’enfant n’est pas au courant de son handicap. Il va se rendre compte de sa difficulté quand les prises en charge commencent. Il va comprendre qu’il y a un certain nombre de choses qu’on lui demande d’avoir mais qu’il n’y arrive pas facilement. Il va comprendre qu’il a des difficultés et qu’il doit être accompagné pour transformer la difficulté qu’il a en une difficulté moindre.

 Recevez-vous de la part des pouvoirs publics toute l’assistance nécessaire ?

 Le handicap est déjà mal connu. Pour la plupart des mortels, c’est une maladie. L’enfant autiste le demeurera toute sa vie. Quand à savoir si nous sommes suffisamment aidés, je pense que nous avons d’abord un gros travail de sensibilisation à faire. Elle permettra au gens de prendre au sérieux ce handicap et de comprendre qu’on a besoin de l’apport de tous pour avoir des conditions meilleures pour les enfants.

 Nous sommes aidés quelque part. La première dame du Cameroun essaie tant que faire ce peu, d’apporter son soutien chaque année mais est-ce que c’est suffisant ? Non. Je pense qu’il faut une contribution de la société entière. Il faut des recherches pour repousser le trouble car maintenant, c’est une naissance sur cent est touchée par l’autisme au Cameroun, alors qu’avant c’était une naissance pour dix mille. Vous voyez qu’il faut de la sensibilisation à tous les niveaux, les écoles, les maternités…

L’autisme est reconnue depuis 2010 grande cause de santé publique dans tout le monde entier, d’où la journée internationale de l’autisme. Il concerne toutes les classes sociales, toutes les races. Il faut vraiment en tenir compte.

 Entretien avec Valgadine TONGA –Le blog de Valgadine 

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