Il s’agit de Glencore, Vitol et Gunvor qui ont réussi la prouesse d’acquérir 50% du brut camerounais vendu par la Snh(société nationale des hydrocarbures) en 2013, pour un montant total de près de 300 milliards de F Cfa.
Ces révélations sont contenues dans un rapport intitulé «Les traders suisses, le pétrole africain et les risques d’opacité», publié le 20 juillet 2014, et commis par un groupe de trois organisations constitué de la Déclaration de Berne, Swissaid et du Natural Resource Governance Institute (US). En effet, les traders suisses Glencore, Vitol et Gunvor ont, ensemble, acheté près de la moitié du pétrole brut vendu par la Snh. Ces achats ont abouti au paiement à l’Etat camerounais, de près de 300 milliards de F Cfa, soit 12% des recettes de l’Etat.
Autant ces révélations induisent la forte dépendance que peut avoir les états africains vis-à-vis de certains traders, elles indiquent par ailleurs que pour les traders, cela ne représente pas grand-chose. Une assertion fondée en ce que, le même rapport révèle à titre d’illustration qu’en 2013, «Glencore a acheté pour près de 200 milliards de F Cfa de pétrole brut à la Snh, alors que le chiffre d’affaires de ce trader, durant la même période, a culminé à 233 milliards de dollars, ce qui représente 9 fois le PIB du Cameroun en 2012. Aussi peut-on penser qu’au-delà de la dépendance de fait du Cameroun vis-à-vis de ce trader, il urge d’édicter des critères d’extension des acheteurs du brut camerounais, sauf de croire que ceux commis pour sa cession réalisent en toute objectivité celle-ci. Ce que ne semble guère révéler le même rapport qui croit plutôt que ces transactions effectuées par les firmes helvétiques présentent d’importants risques de gouvernance, puisqu’elles se produisent dans des contextes caractérisés par des institutions faibles et une corruption endémique.
S’arrimer aux préceptes de l’Eiti
En dépit de leur importance, ces cessions revêtent un caractère discrétionnaire qui cache mal la propension à l’opacité qui les entoure. Suffisant pour comprendre que les recettes qui en résultent ne profitent pas comme elles le devraient aux populations concernées. Surtout que ces sociétés de négoce contribuent elles-mêmes à rendre ces transactions plus opaques.
Et c’est fort de cette réalité que le Cameroun a été invité à se doter de normes encourageant l’intégrité dans le choix des acheteurs et la détermination du prix de vente, en incluant la publication du détail des ventes de la part étatique du pétrole. En somme, il s’agit de s’approprier des préceptes édictés par l’Eiti, dans l’optique d’asseoir la transparence dans ce secteur d’activité.
Alain Njoh Soppo