Le njama-njama est l’un des légumes les plus populaires au Cameroun, mais sa culture intensive avec des engrais chimiques excessifs pose de graves problèmes de santé publique.
Plusieurs personnes ont récemment été hospitalisées après avoir mangé du njama-njama cultivé de cette manière. C’est le cas de Ketura Yaje, 23 ans, qui a passé 18 heures aux urgences à cause de diarrhée et de maux de ventre. « Je ne suis plus sûre de pouvoir remanger ce légume que j’aimais tant« , témoigne-t-elle.
Martin Awasung, 26 ans, a également souffert pendant plus de 6 heures après avoir consommé du njama-njama du marché. « J’adore ce légume mais désormais j’ai peur à cause des problèmes de santé que ça peut causer », déplore-t-il.
Même constat pour, Dayana Kate, 19 ans, elle était si faible à la suite de la diarrhée qu’elle a contractée après avoir mangé du njama-njama qu’elle pouvait à peine se tenir debout. Elle a dû prendre quelques médicaments de circonstance avant de pouvoir retrouver des forces et se précipiter à la pharmacie pour se procurer des médicaments. « C’était une expérience vraiment horrible. Je n’oublierai jamais la douleur et la faiblesse que j’ai ressenties« , témoigne-t-elle. Comme les autres victimes, Dayana craint désormais de remanger du njama-njama tant que les pratiques culturales nocives ne seront pas corrigées.

Selon le Dr Mercy Ngone, experte en agronomie à l’Université de Buea, l’abus d’engrais chimiques dans la culture du njama-njama est la cause principale de ces intoxications alimentaires. « Beaucoup d’agriculteurs appliquent les engrais sans connaître les besoins réels de leurs sols. Ils utilisent des doses excessives sans tenir compte des recommandations techniques« , alerte-t-elle.
Pour remédier à ce problème de santé publique, le Dr Ngone appelle à mieux former les agriculteurs aux techniques culturales respectueuses de l’environnement. « Il faut leur apprendre à analyser leurs sols et à n’utiliser que la quantité d’engrais nécessaire, de préférence organique« , préconise-t-elle.
Le gouvernement camerounais devrait également réglementer la vente d’engrais chimiques et soutenir davantage l’agroécologie. « C’est la seule façon de produire un njama-njama sans danger pour la population, tout en préservant la fertilité des sols« , souligne l’experte.
Les consommateurs, eux, appellent de leurs vœux une traçabilité des produits permettant de savoir dans quelles conditions a été cultivé le njama-njama qu’ils achètent. Car leur santé est en jeu.
Felix Yetoth