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LUTTE CONTRE LE PLASTIQUE AU CAMEROUN : PLUS DE 390 CONTREVENANTS TRADUITS EN JUSTICE

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Le ministre de l’Environnement, de la Protection de la nature et du Développement durable évalue la mise en application de la mesure d’interdiction des emballages plastiques au Cameroun.

Le 24 avril dernier a marqué le quatrième anniversaire de la mise en application de l’interdiction de la production, de la vente et de l’utilisation des emballages plastiques. Quel bilan pouvez-vous dresser à ce jour ?

La mesure à laquelle vous faites allusion relève de l’article 7 de l’arrêté conjoint Minepded/Mincommerce du 24 octobre 2012 portant réglementation de la fabrication, de l’importation, de la commercialisation et de la distribution des emballages plastiques qui stipule, entre autres, que sont interdits la fabrication, l’importation, la détention, la commercialisation ou la distribution à titre gratuit des emballages plastiques non biodégradables d’épaisseur inférieure ou égale à 60 microns. Il convient de rappeler que les emballages plastiques autorisés ont la double qualité d’être réutilisables et facilement recyclables. Quatre ans après l’entrée en vigueur de cette mesure, je peux dire que le bilan est positif. Tous les fabricants et importateurs officiellement reconnus s’y sont conformés, l’essentiel des grandes surfaces également. Toutefois, la principale poche de résistance est le secteur informel qui s’avère difficile à maîtriser. Ce secteur est en réalité alimenté par des emballages plastiques interdits provenant de la contrebande.

C’est pourquoi, les équipes de la brigade nationale des inspections environnementales et des brigades régionales de mon département ministériel effectuent de façon permanente des missions de contrôle de conformité des emballages plastiques dans les différents marchés sur toute l’étendue du territoire national. La quantité des plastiques saisie lors des quatre dernières années est de 646 tonnes.

A tout cela, s’ajoute la tenue des toutes premières assises nationales des déchets, dont les recommandations ont abouti principalement à la création d’une bourse nationale des déchets pour la promotion d’une économie circulaire, où les déchets des uns deviennent la matière première des autres. Les déchets plastiques seront ainsi recyclés pour donner lieu à la fabrication d’un certain nombre d’articles et produits à vendre sur les marchés.

 Etes-vous satisfait des résultats déjà enregistrés en quatre ans ?

Les résultats obtenus sont encourageants et nous ne ménagerons aucun effort dans la lutte contre les emballages plastiques non autorisés, en vue d’assurer un environnement sain au Cameroun.

Je me réjouis des effets positifs que ce texte a apportés tant sur le plan environnemental que sur le plan sanitaire depuis son entrée en vigueur. Car, nous notons une réduction considérable des déchets plastiques dans nos ordures et un peu plus d’assainissement de nos villes et villages. Aussi, me plait-il de relever que les contrôles de conformité sur le terrain font état de ce que les grandes surfaces, les boulangeries, les centres commerciaux, les alimentations ainsi que les pharmacies utilisent désormais les emballages plastiques conformes. Leurs clientèles s’en accommodent et s’en réjouissent; c’est dire que les changements de comportement sont remarquables.

Bien que l’on puisse se féliciter de ce qu’à certains endroits, les plastiques interdits s’utilisent en cachette, quand ils n’ont pas simplement disparu de la circulation par peur des sanctions, qu’est-ce qui peut expliquer l’existence des poches de résistance ?

La lutte contre les emballages plastiques interdits devrait être une affaire de tous et de chacun, compte tenu de leur impact négatif sur la santé et sur l’environnement. Malheureusement, elle se heurte aux obstacles tels que : la perméabilité de nos frontières qui favorise l’entrée sur le marché local des emballages non conformes en provenance des pays voisins ; la fabrication par certains producteurs véreux qui continuent de produire simultanément les emballages plastiques conformes et non conformes ; l’existence d’un circuit de distribution difficile à maîtriser ; des ambulants travaillent de nuit et ils ont des complices parmi certains commerçants ; la dissimulation facile des emballages dans divers bagages et produits transportés ; la difficulté à accéder à certains magasins et domiciles privés pour saisir les emballages plastiques non conformes stockés ; l’insuffisance des moyens (matériel, financier et humain) face à l’ampleur du phénomène à réprimer ; l’incivisme de certaines personnes physiques et morales ; le laxisme de certains agents de contrôle. Je profite de l’occasion que vous m’offrez pour adresser mes félicitations et mes remerciements aux forces de l’ordre, aux magistrats, juges et procureurs, ainsi qu’aux personnels des ministères du Commerce et des Finances (douane) qui nous appuient sur le terrain par leur précieuse contribution dans la lutte contre les emballages plastiques interdits.

 Peut-on avoir une idée des sanctions déjà infligées?

Les sanctions infligées sont à la fois administratives et pénales. A titre d’illustration, environ 3000 personnes ont été sanctionnées, près de 600 gardées à vue et plus de 390 contrevenants traduits en justice. Certains ont été libérés contre paiement d’une amende, d’autres ont été condamnés à des peines d’emprisonnement. Ces contrevenants se recrutent aussi bien parmi les producteurs, les importateurs que les distributeurs de grande et de petite envergure. A ce jour, environ 60 710 000 Fcfa d’amendes ont été recouvrés et reversés comme fonds publics.

Ceux qui continuent de faire circuler ce produit se plaignent de ce qu’il ne leur est pas proposé des alternatives. Que leur répondez-vous ?

D’autres alternatives sont bel et bien proposées. On peut à titre d’exemples citer les emballages en papier, en jute, en tissus. A cela, s’ajoutent les plastiques de plus de 60 microns qui sont autorisés, etc. D’ailleurs, certaines grandes surfaces, notamment les boulangeries et certaines pharmacies ont fait le choix du papier pour emballer certains de leurs produits.

 Il se disait qu’il allait y avoir un accompagnement des producteurs des emballages interdits pour sauver les emplois dans leurs entreprises…

Il ne s’agit pas d’un accompagnement financier avec des subventions, mais plutôt d’un ensemble de mesures de lutte contre la contrebande, pour protéger les plastiques autorisés : il s’agit de la promotion des alternatives. Par ailleurs, il existe une plateforme de concertation entre le Minepded et le groupement des entreprises camerounaises du secteur de la plasturgie. C’est un espace d’échanges où les préoccupations des opérateurs du secteur de la plasturgie sont débattues et les recommandations issues de ces concertations sont aussitôt répercutées à mes services compétents en vue de leur implémentation. Il convient de souligner les missions de contrôle de conformité des emballages plastiques et la traque quotidienne que nous menons contre les contrebandiers. Ce qui contribue à assainir l’espace économique national. La contrebande du plastique, malgré sa persistance, représente une infime portion du marché national des emballages plastiques. Par ailleurs, l’interdiction de fabrication des emballages plastiques de faible épaisseur date de l’année 2012, mais elle n’est entrée en vigueur qu’en 2014. Les entreprises qui ont anticipé ont très vite tiré leur épingle du jeu.

Les grandes surfaces ont appliqué la mesure, mais revendent les plastiques biodégradables aux consommateurs durant les opérations d’achat. Pensez-vous qu’il soit possible de freiner cette pratique que certains qualifient d’escroquerie ?

Les opérateurs auxquels vous faites allusion répercutent sur les clients les coûts de l’emballage. Cette pratique n’est pas née avec l’entrée en vigueur de l’interdiction des emballages plastiques de faible épaisseur, peut-être qu’elle s’est intensifiée entretemps. La meilleure façon d’y faire face est de s’engager dans une démarche éco-citoyenne, c’est-à-dire de sortir avec son propre emballage ou de n’emballer que ce qui est nécessaire, pour éviter le suremballage. Cela nécessite un changement de comportement de notre part. Toutefois, j’observe que les clients de pain ont développé pour la plupart le réflexe d’avoir un sac par devers eux. C’est pour moi un exemple à suivre, car la réutilisation des emballages plastiques participe à limiter la quantité de déchets plastiques à jeter dans la nature.

L’on a l’impression que vos équipes sont moins strictes dans les grandes villes que dans les zones périphériques. Qu’est-ce qui peut expliquer cela ?

Heureusement que ce n’est qu’une impression. Le bilan de ces quatre années est la preuve que nous menons une lutte sans complaisance contre les emballages plastiques non conformes. Les grandes agglomérations sont le siège de trafics illicites des emballages interdits, contrairement aux zones périphériques. Les inspecteurs et contrôleurs du ministère de l’Environnement sont en permanence sur le terrain avec le soutien des forces de maintien de l’ordre pour traquer ces hors-la-loi à l’effet de les traduire devant les tribunaux compétents et en appliquant le principe pollueur- payeur.

Qu’allez-vous faire pour renforcer la collaboration entre vos services et ceux des autres administrations concernées par cette mesure ?

Je continue à inviter toutes les autres administrations à impliquer fortement leurs services compétents dans cette lutte, tout en sollicitant de la part des populations un respect scrupuleux de cette réglementation qui vise à préserver la santé humaine et animale et à protéger l’environnement. Cet appel cible en particulier les communes, dont certaines reçoivent des dotations financières y afférentes dans le cadre des transferts liés au processus de décentralisation en cours.

Source : BOSANGUI

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