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L’environnement : le parent pauvre des OMD au Cameroun

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ajafe,puitsDéfinis en l’an 2000, les Objectifs du Millénaire pour le développement(OMD) connaitront leur aboutissement en 2015, pour ce qui est de l’essentiel des pays africains qui se sont engagés dans cette démarche. Au Cameroun, « afin de rester réaliste, le gouvernement a désormais aligné l’horizon des OMD à 2020 qui correspond à l’échéance du DSCE » (Document de stratégie pour la croissance et l’emploi).Fort malheureusement, même à cette échéance, des doutes certains demeurent quant à l’atteinte desdits objectifs du millénaire. Plus précisément, le rapport 2012 affirme qu’à l’échéance sus évoquée, « le Cameroun pourra certainement atteindre 1 objectif sur 8  et pourra réaliser 4 sur 8 si des efforts soutenus sont maintenus». Si « assurer une éducation primaire pour tous«  est l’objectif qui a des chances sérieuses d’être atteint, « assurer un environnement durable« , est de ces objectifs dont l’aboutissement reste à ce jour incertain. Il n‘en saurait être autrement au vu de toutes les dérives relatives à la protection de l’environnement et la biodiversité enregistrées au Cameroun.

Par assurer un environnement durable, le Cameroun entendait : intégrer les principes du développement durable dans les politiques et programmes nationaux afin de mettre un terme à la déperdition des ressources environnementales ; réduire de moitié, d’ici 2015, le pourcentage de la population qui n’a pas accès de façon durable à un approvisionnement en eau potable ni à des services d’assainissement de base ; améliorer sensiblement d’ici 2020, l’habitat des camerounais. Au moins.

Cependant sur le terrain d’application de tous ces engagements, on observe de fortes perturbations qui hypothèquent sérieusement l’atteinte des résultats probants. Selon la FAO, le taux de déforestation annuel  au Cameroun qui avoisine 1 % par an, soit l’équivalent de 200.000 hectares perdus chaque année, est l’un des plus élevés du Bassin du Congo. Cette déforestation, faut-il le rappeler, est cautionnée voire encouragée par les personnes commises pour sa protection.

On peut tout aussi évoquer la destruction en continue de la mangrove. Des chiffres en provenance du ministère de la forêt et de la faune affirment que la mangrove camerounaise qui couvrait une superficie de 272.000 hectares en 1980, a enregistré une perte de 30% en 25 ans. Aujourd’hui elle ne couvre plus que 195.000 hectares. La reconstruction de cette mangrove, du moins dans les discours, notamment depuis la mobilisation de trois milliards à cet effet, ne peut permettre de ressusciter la partie perdue, surtout que la destruction de celle-ci se poursuit activement.

S’agissant des aires protégées, elles sont de façon récurrente victimes des incursions meurtrières des brigands étrangers, du fait de la porosité des frontières nationales et des effectifs sécuritaires insignifiants dans ces parcs. On peut citer pour illustration les 300 éléphants qui ont été abattus pendant deux mois  en  début d’année 2012, pour leur ivoire, dans le parc national de Bouba N’Djida par des individus lourdement armés venus du Soudan. Pour ne citer que ce cas-là.

L’eau potable toujours insuffisante

Voici un autre sujet de grosses tracasseries pour la réalisation de l’objectif n° 7. En effet, la proportion de la population qui n’a pas droit à un approvisionnement en eau potable est sans cesse croissante. Même dans les grandes métropoles comme Douala et Yaoundé, une bonne majorité de la population n’a pas accès à l’eau potable. Yaoundé a besoin de 250. 000 m3 d’eau par jour, pour répondre à la demande de la population, mais seulement un peu plus de 10. 000 m3 d’eau sont disponibles. A Douala, malgré la mise en service de la station de traitement d’eau de Yato et les 300.000 m3 prévus pour 2013, la situation reste toujours préoccupante. Le nombre de personnes qui n’ont pas accès à l’eau potable est sans cesse croissant, surtout avec l’extension incessante de la ville.

Le 25 juin 2010, lors de l’inauguration de l’usine de traitement d’eau potable évoqué supra, le ministre de l’eau et de l’Energie d’alors expliquait que « la situation des 106 centres que compte le périmètre affermé était caractérisé par : « l’insuffisance de la production par rapport aux besoins actuels, la vétusté des réseaux, l’insuffisance des extensions des réseaux, insuffisance des branchements. A cela s’ajoute le faible nombre de villes équipées : 106 sur 360 villes ». Michael Tomndio estimait en outre que pour améliorer cet état des choses le gouvernement à travers la Camwater, fortement appuyée par la communauté des bailleurs de fonds, a conçu un programme d’investissement sur dix ans dont le coût est estimé à quelques 400 milliards de francs Cfa. Mais depuis les choses n’ont pas beaucoup avancé et très peu d’eau a coulé dans les robinets.

Ainsi, Un bon nombre de personnes s’approvisionne dans les forages d’eau qui voisinent dangereusement avec les fosses septiques, le reste de la population des métropoles se débrouille dans les puits de fortune. Toutes choses qui expliquent que le choléra ait fait son lit à Douala, par exemple. En zone rurale, la situation est encore plus préoccupante.

Les rares forages construits à l’époque dans quelques bourgades par la SCANWATER se sont depuis plantés. Les populations attendent sans trop espérer la réhabilitation des stations de la société SCANWATER dans les dix régions du Cameroun promise par le gouvernement.

Alain Fréjus Ngompé

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