LE BOIS DE CHAUFFAGE AU CAMEROUN : UNE RESSOURCE VITALE POUR L’ENERGIE DOMESTIQUE, MAIS EGALEMENT DES ENJEUX A RELEVER
Le bois de chauffage joue un rôle crucial dans la lutte contre la dégradation des forêts et la pauvreté au Cameroun. Avec plus de 80 % de l’approvisionnement énergétique du pays provenant du bois, il représente une ressource essentielle pour les ménages et la cuisson des aliments.
Selon l’AFREA -African Evaluation Association-(2011), environ 90 % de la consommation totale de bois en Afrique est utilisée comme bois de chauffage, dont 81 % des ménages africains dépendent comme principale source d’énergie pour la cuisson. De plus, près de 60 % des citadins camerounais utilisent également la biomasse ligneuse comme source d’énergie pour la cuisson (IEA, 2010).
Le secteur du bois de chauffage au Cameroun présente des défis importants. Environ 83 % de la population dépend de la biomasse ligneuse comme source d’énergie, et dans les zones rurales, c’est souvent la seule option disponible (INS, 2008). La consommation de bois de chauffage a augmenté à un rythme annuel de 2,67 % entre 1981/1982 et 2001/2002, selon le ministère de l’Énergie et de l’Eau (MINEE, 2010). Le bois de chauffage est principalement utilisé sous deux formes : le bois de feu et le charbon de bois, représentant respectivement 91,18 % et 0,97 % de la biomasse énergétique consommée, selon le MINEE (2010).

Des disparités existent entre les zones urbaines et rurales en termes d’utilisation du bois de chauffage. L’utilisation de sources d’énergie alternatives au bois augmente à mesure que l’on se déplace des zones rurales vers les zones urbaines (Tchotsoua, 2006 ; Madi, 2012). La situation est également variable selon les principales zones agro-écologiques.
Malgré son importance, le secteur du bois de chauffage au Cameroun n’a pas été suffisamment étudié, et peu d’articles scientifiques ont été publiés à ce sujet. Les informations disponibles proviennent principalement de rapports techniques et de documents gouvernementaux. Afin de soutenir l’élaboration de politiques énergétiques efficaces, des études scientifiques plus approfondies sont nécessaires.
Face à ce contexte, le gouvernement du Cameroun est déterminé à maîtriser l’exploitation forestière et le traitement du bois, caractérisés par un faible taux de retour du bois (33 %), des pertes tout au long de la chaîne de production et un marché du bois non structuré au niveau national. Des mesures ont ainsi été mises en place pour développer et organiser un marché intérieur du bois, appelé « MIB », ainsi qu’une stratégie de modernisation de l’énergie du bois dans la région de l’Extrême-Nord.
Dans les zones rurales boisées, le bois de feu est principalement utilisé comme source d’énergie domestique. La plupart des ménages qui l’utilisent le récupèrent directement, ce qui réduit les coûts d’achat. Cependant, il existe des disparités significatives entre les différentes régions socio-écologiques du pays. Par exemple, dans les zones urbaines des régions du Nord du Cameroun (Adamawa, Nord et Extrême-Nord), 40% des ménages achètent leur bois de feu sur le marché. En revanche, ce pourcentage tombe à 19% pour les autres régions du pays (MINEE, 2010). Il convient également de noter que ces proportions ne tiennent pas compte de l’approvisionnement en bois de feu dans les grandes villes comme Yaoundé et Douala, qui relèvent administrativement des régions du Centre et du Littoral.
Ces disparités dans l’approvisionnement en bois de feu peuvent être attribuées à plusieurs facteurs. Tout d’abord, la disponibilité de la ressource forestière varie d’une région à l’autre. Les régions du Nord du Cameroun sont riches en forêts et en bois, ce qui facilite l’approvisionnement sur le marché. En revanche, les autres régions du pays ont une disponibilité de bois de feu plus limitée, ce qui incite les ménages à le récupérer directement.
De plus, les différences dans les modes de vie et les habitudes de consommation peuvent également influencer l’utilisation du bois de feu. Les ménages urbains ont tendance à avoir un niveau de vie plus élevé et peuvent se permettre d’acheter leur bois de feu sur le marché, tandis que les ménages ruraux, souvent plus pauvres, doivent le récupérer directement dans les forêts environnantes.
Il est important de souligner que la consommation de bois de feu a un impact significatif sur les forêts du Cameroun. La surexploitation des ressources forestières peut entraîner une déforestation excessive, une perte de biodiversité et des problèmes environnementaux. Par conséquent, il est nécessaire de mettre en place des mesures de gestion durable des ressources forestières afin de préserver ces écosystèmes précieux.
En conclusion, le bois de chauffage joue un rôle crucial dans l’énergie domestique au Cameroun, en particulier dans les zones rurales. Une étude économique approfondie de l’importance du bois de feu est nécessaire pour mieux comprendre l’offre et la demande d’énergie du bois, ainsi que pour faciliter la création et la gestion d’un marché intérieur du bois. Il est également crucial de mettre en place des politiques de gestion durable des ressources forestières afin de préserver les écosystèmes forestiers du pays.
Source : https://www.cifor.org/publications/pdf_files/articles/AEbaa-Atyi1602.pdf