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Henriette Ekwe …parle

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Journaliste, éditrice et militante politique, Henriette Ekwe Ebango est la première femme africaine à avoir reçu le prix international FEMME DE COURAGE, en 2010.

henriette Ekwe

On vous connait comme journaliste politique, faisant partie de la société civile. que faites-vous dans une organisation aussi liée aux institutions gouvernementales, aux édiles, qu’Africités ?

 J’appartiens au groupe d’appui qui prépare les Sommets Africités. Il s’agit de l’organisme CGLUA (Cités et Gouvernements Locaux Unis d’Afrique) qui est un organisme panafricain des collectivités locales et des collectivités territoriales. Cet organisme a pour but de promouvoir et d’organiser des rencontres entre les collectivités locales et territoriales. C’est un lieu d’échange, un lieu d’étude de la gouvernance avec parfois les appuis des organisations internationales.

Que représente pour vous cette institution?

Le sommet Africités qui se tient tous les trois ans est un lieu d’échange, un lieu où les experts parlent de la ville. Il promeut des sujets divers. Par exemple au Cameroun en 2003, il s’est intéressé à l’accès aux services de base (eau, électricité, hygiène). Afin de garantir que dans toutes les collectivités locales africaines ces services de base soient à la portée de tous. En 2009 il a porté sur l’apport des collectivités locales et territoriales à la base pour l’unité africaine. Donc à chaque sommet, il y’a un sujet. Dans l’organisation des sommets, nous suivons de près l’Agenda mondial en termes de développement urbain, d’écologie et de protection de la planète.

Les maires ont-ils gagné plus d’autonomie ?

En effet. Les Africités ont contribué à la tenue d’échanges importants sur notre continent. Cela a débouché entre autres sur des jumelages entre les villes africaines.

Pensez-vous que la lutte pour la protection de l’environnement, soit un luxe pour les pays africains ?

Pas du tout. Au contraire. Quand nous étions à Marrakech en 2009, à ce moment-là il y’avait le sommet de COPENHAGUE sur l’environnement. Et le message qu’Africités a envoyé au sommet de COPENHAGUE c’était que nous disposions de beaucoup de ressources qui ont été utilisées sans conscience. Et désormais l’Afrique doit faire attention à préserver ses ressources. Notamment notre grand massif du bassin du Congo. Après le Sommet de Rio en 1992 les Etats africains ont dit qu’ils étaient d’accord pour ne pas utiliser leurs ressources puisque nous devenons le second poumon de la planète, mais à condition que ceux qui ont exploité nos ressources rétrocèdent aux pays africains les moyens adéquats pour préserver leurs forêts. Et puis ça va nous couter en termes de développement. Donc si nous ne pouvons plus l’exploiter à notre guise, il y’aura un déficit de nos ressources et il faudra que les Etats qui se sont développés largement nous rétrocèdent un peu de moyens.

A quoi sert Africités?

 Est-ce pour dynamiser le phénomène de la décentralisation? Il y a des choses que l’Etat doit faire pour faciliter la décentralisation et c’est pour ça qu’aux sommets AFRICITES il y’a un élément politique. C’est la conférence de tous les ministres chargés de la décentralisation. Et donc tous ces ministres-là se réunissent et ils font le point sur leurs difficultés, les retards, les blocages, et parfois il faut interpeller l’Etat central. Est-ce que la décentralisation peut avancer si l’état ne cède pas les moyens et les outils pour développer les infrastructures dont la Région a la charge? Depuis le temps où on a fait le sommet au Sénégal avec M. Wade qui a été enthousiasmé par les projets d’Africités, le CGLUA est observateur au niveau de l’Union Africaine. Africités est devenu un événement mondial puisque des partenaires viennent de partout. Par exemple à Marrakech il y’avait des maires noirs américains qui sont venus dire qu’ils peuvent apporter leur soutien aux collectivités locales en Afrique. L’actrice noire américaine Lupita NYONGO’O est la marraine des Africités de KISUMU. A ce sommet Il y’aura certainement aussi M. Barack OBAMA et son épouse ainsi que les chefs d’Etats qui viennent régulièrement parler de la décentralisation. Notamment Messieurs OBASANJO, THABO MBEKI et MAKI SALL.

Votre dernier mot…

Que la décentralisation existe vraiment. Dans une ville comme Douala, il n’y a même pas une ressource foncière pour construire l’hôtel de la Région. On va la loger dans une sous-préfecture. Ça veut dire que toute la ressource foncière disponible pour l’Etat a été vendue. Et maintenant on essaie d’arracher les terrains à gauche et à droite aux gens. Ce qui veut dire qu’il n’y a pas eu d’attention pour la construction d’un hôtel de Région digne de ce nom. Quant aux infrastructures il faut qu’on donne aux Régions l’argent qui leur revient. Or on entend de plus en plus que la réforme des finances publiques va faire en sorte que l’argent ne dorme plus dans les Régions mais soit transféré à Yaoundé. Ça veut dire que l’Etat est en déroute, est en faillite. Et compte tenu de sa faillite il n’y aura pas d’argent pour mener à bien la décentralisation.

Propos recueillis par Leona Nounga

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