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Gestion territoriale de l’environnement : placer les acteurs au centre

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environnement-fleursComment concevoir des systèmes de gestion territoriale des résidus organiques qui soient acceptables par l’ensemble des acteurs, producteurs comme consommateurs de ces résidus ? Comment concilier les représentations de l’environnement, souvent divergentes, de ces acteurs ? Quelle méthode adopter pour évaluer l’impact de ces systèmes de gestion sur l’environnement ? Pour aborder ces questions, une équipe du Cirad a démontré la nécessité d’opter pour le point de vue des acteurs et a développé un nouveau cadre de représentation basé sur une conception de l’environnement, non plus techno ou écocentrée, mais anthropocentrée.

Dans le cadre de leurs recherches sur la conception de systèmes de gestion territorialisée des résidus organiques, des chercheurs du Cirad se sont intéressés à la façon de réaliser une évaluation environnementale, qui soit pertinente à la fois pour des scientifiques et pour les acteurs territoriaux, qu’ils soient producteurs ou consommateurs potentiels de résidus organiques. Ces acteurs territoriaux, qui ont souvent des conceptions divergentes de l’environnement, sont en effet incontournables dans les projets d’écologie industrielle. Les indications issues d’une évaluation environnementale doivent donc nécessairement faire sens pour eux et correspondre à leurs représentations de l’environnement.

Dans ce contexte, le choix a priori d’une méthode d’évaluation environnementale semble inadapté. Les scientifiques ont donc cherché à savoir si la conception des impacts environnementaux des méthodes actuelles était compatible avec le besoin d’une représentation commune de l’environnement pour un ensemble d’acteurs.

L’environnement, un concept relatif par nature

Dans les sociétés occidentales, l’environnement se définit par la relation entre sujets anthropiques et objets naturels. En soi, il ne constitue pas un ensemble d’objets ni une collection de faits, mais une réalité intermédiaire, qui se manifeste par des flux vers l’environnement ou des impacts sur l’environnement.

On cherche, d’une part, à préserver l’environnement en réduisant ces flux qui, implicitement, induisent des externalités. On détermine, d’autre part, des impacts en intégrant des connaissances, techno et biocentrées, relatives aux problématiques environnementales. La méthode japonaise de calcul d’impacts Lime-2, utilisée dans les analyses de cycle de vie (ACV), illustre cette conception hybride techno et écocentrée de l’environnement.

Flux, impacts : des approches limitées

Cependant, l’approche par les flux ne fournit aucun élément qui permette de décrire en tant que tel un environnement pour les acteurs. L’approche par les impacts, plus explicite, dépend de la représentation qu’ont ses concepteurs.

Cette représentation se diversifie en incluant des problématiques et se complexifie en intégrant des mécanismes techniquement possibles à considérer. Cette diversification et cette complexification peuvent non seulement rendre difficilement accessibles les phénomènes décrits, mais aussi s’accroître indépendamment de ce que les acteurs territoriaux perçoivent de leur environnement, rejoignant l’idée d’univers controversés quant à la nature des intérêts concernés.

Vers une conception anthropocentrée

Les conséquences environnementales d’une action territoriale ne peuvent être évaluées sur la base d’une représentation qui se complexifierait et qui n’intégrerait pas la perception de l’environnement qu’ont les acteurs.

Cette conception de l’environnement, pourtant dominante en évaluation environnementale, ne permet donc pas a priori aux acteurs d’évaluer justement les impacts environnementaux estimés par cette approche.

Ainsi, pour tenter de répondre à cette contradiction dans l’évaluation environnementale, les chercheurs ont considéré une troisième conception, anthropocentrée, de l’environnement, qui les a amenés à reconsidérer de manière fondamentale la relation objet-à-sujet.

Un nouveau cadre de représentation de l’environnement

Cette nouvelle conception requiert un cadre de représentation environnementale anthropocentrée générique. C’est ce cadre qu’ont construit les chercheurs en menant des recherches au carrefour de plusieurs disciplines.

Ils testent maintenant sa mise en œuvre au sein du projet de gestion intégrée des résidus organiques valorisés en agriculture à la Réunion (Girovar). Ils ont, pour ce faire, développé une démarche participative d’évaluation environnementale et élaboré des indicateurs environnementaux adaptés au large panel d’acteurs

© Cirad.fr

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