Paludisme, inondations, famine… la région la plus peuplée du Cameroun vit une pression particulière.
Vaste, peuplée, la région de l’Extrême-Nord fait, ces deux dernières années, des « face-à-face » douloureux avec la nature, les hommes et les circonstances. Selon la Banque Mondiale (cahiers économiques-juin 2013) « la région du centre (comportant Yaoundé) compte seulement 18 où de la population, mais accueille près de 40% des médecins du Cameroun. En revanche, l’Extrême-Nord, qui représente également 18% de la population, n’emploie que 8% des médecins du pays ».
Pourtant la question de santé dans cette partie de Cameroun reste très préoccupante. Les statistiques affichent 70.990 cas de paludisme sur les 182.402 consultations faites dans les formations sanitaires de l’Extrême-Nord entre Janvier et Septembre 2013. Bilan : 997 décès. L’on ne comptera pas les décès survenus dans les villages enclavés. Du coup, la non-utilisation des moustiquaires imprégnées, gracieusement offertes par l’état, est mise en cause.
Mais en fait ; le paludisme n’est qu’un exemple des pistes empruntées par la mort pour meurtrir cette région du Cameroun. Le choléra avait déjà fait des ravages, avec près de 15.000 cas enregistrés ces cinq dernières années dont environ 853 morts.
L’eau manque pour nourrir la population. La canicule est permanente. Le sahel fait progressivement place au « désert ». Malgré tout, l’eau a réussi à faire des victimes dans cette région. En Août et Septembre 2012, des inondations historiques avaient plongé les populations dans une lutte « perdue d’avance » contre la furie des eaux. Plus de 84 établissements scolaires où fréquentaient environ 32000 élèves n’avaient pas ouvert leurs portes ; 17 écoles étaient d’ailleurs sinistrées, d’autres transformées en camps de sinistres. 500.000tonnes de riz à Maga et 800 000 tonnes à Yagoua avaient été avalés par les eaux.
Jusqu’en 2013, l’Extrême-nord a continué à subir des inondations. Dans la nuit du 26 au 27 septembre 2013, on a encore assisté à la rupture de la digue du Logone après celle de la nuit du 13 au 19 septembre 2013. Cela a réveillé les habitants de Abdalaye,Houmi 1 et 2 vers 1 heure du matin, faisant au total 3267 sinistrés et d’importants pertes en termes de petit bétail. Les pertes en matériels ont été énormes avec des vastes étendues de champs de mil submergées.
La conséquence de catastrophes répétitives ne s’est pas fait attendre. La Banque Mondiale a révélé dans sa toute récente édition de « Cahiers économiques du Cameroun » que le chef lieu de la région de l’extrême-Nord est la ville camerounaise la plus chère en 2012, avec un taux d’inflation de 5,5%. Des populations chassées par les eaux, appauvries par les catastrophes et affaiblies par les maladies ont continué à vivre grâce aux aides de la communauté internationale.
Jonas Yedidia