EXPLOITATION MINIÈRE : DEUX AIRES PROTÉGÉES MENACÉES A L’EST-CAMEROUN
Depuis novembre 2016, le Parc national de Nki et la Réserve de faune de Ngoyla ont été pris d’assaut par plus de 500 personnes.
L’activité se déroule à une vingtaine de kilomètres de Djadom, petit village du sud de l’arrondissement de Ngoyla, département du Haut-Nyong, région de l’Est. Selon nos sources, « cette activité est menée dans l’ancien chantier d’exploration de fer de la société Cameroon Mining Company (Cmc), située entre deux aires protégées, le Parc national de Nki et la Réserve de faune de Ngoyla ».
Au mois de février 2017, révèlent nos sources, « le bilan indiquait plus de 40 hectares complètement détruits, alors qu’aucune information n’a été communiquée sur le caractère officiel de cette mine artisanale. Curieusement, le gestionnaire dudit chantier a présenté une autorisation datant de janvier 2017 alors qu’une foule d’au moins 200 personnes y étaient déjà signalée en novembre 2016 ».

Un certain nombre de propositions ont été faites à l’attention des autorités camerounaises pour remédier à cette situation. Il est ainsi recommandé que les permis miniers chevauchant les aires protégés fassent l’objet d’un redécoupage, afin de préserver l’intégrité de ces aires protégées, cela dans le respect de la loi. I
Selon les environnementalistes, la chasse à l’or pose une menace réelle pour la riche biodiversité dans la zone qui héberge des espèces fauniques phares tels que les éléphants, les gorilles et les panthères. « La situation est inquiétante parce que l’activité se fait entre deux aires protégées majeures et attire des nombreuses personnes qui s’installent en forêt, sans autre source de nutrition que les ressources de la dite forêt. Il y a une pression énorme sur la faune dans les périphériques des aires protégées, tandis qu’une grande partie de forêt dans la zone est détruite », a déclaré Constantine Itoe, Conservateur de la Réserve de faune de Ngoyla.
Cette dernière ajoute que « selon les informations qu’on a obtenues auprès des orpailleurs, plus de 500 personnes sont actuellement installées dans le château d’or de Djadom ».
En dehors des soucis environnementaux, l’activité pose des menaces potentielles sur la santé des populations impliquées. « On peut faire face à une épidémie. La seule source d’eau disponible est celle utilisée pour se laver et aussi laver la terre pour extraire l’or », ajoute le Conservateur.
Selon Gilles Etoga, chef de programme WWF Jengi TRIDOM, le gouvernement doit prendre des mesures urgentes avant que la situation ne se détériore. « Il est impératif qu’une mission de contrôle intersectorielle soit organisée dans le site », explique-t-il. Déjà une étude menée par cette organisation en 2016 a révélé des impacts négatifs de l’exploration de fer par le Cmc dans la zone. Selon l’étude, Cmc a détruit une surface de 60 hectares sur une distance de plus de 80 km pour l’ouverture des routes, la construction des camps des ouvriers et les puits de sondage et des fosses pendant la phase d’exploration.
Ange-Gabriel OLINGA B.