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Douala croule sous les sachets d’eau en plastique

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plastiqueLa forte canicule qui étouffe la ville de Douala depuis le mois de décembre 2012 a accru, de façon exponentielle, la production et la vente de l’eau dite minérale dans les sachets de 50 cl. Le nombre de consommateurs a augmenté, le nombre des producteurs aussi, même les plus insolites. Le problème est que personne ne s’occupe des sachets après usage qui encombrent la voie publique.

La rue Pau à Douala est, comme la majorité des rues de la métropole économique du Cameroun, très active. Grands magasins et petites échoppes, grands garages et petits ateliers, bureaux importants et petits comptoirs la bordent des deux côtés.  Il est un peu plus de midi et comme depuis quelques mois, la chaleur est suffocante ; ce qui oblige la foule de travailleurs et de débrouillards qui hantent ces lieux de s’approvisionner régulièrement en eau glacée dans la multitude d’échoppes de cette rue. Une fois le sachet d’eau vidé, le consommateur apaisé, temporairement, le jette simplement devant lui, sur le trottoir ou sur la chaussée, où celui-ci rejoint ses semblables qui jonchent déjà la voie publique. C’est ainsi que la route ressemble à un dépotoir des sachets vides en plastique, sinon à un interminable stand lugubre de présentation des différentes marques d’eau minérale qui se côtoient sur le marché de la cité.

Des sachets vides de NAMIWA, Cristalline, Cristal water, Sawawa, Bosvi, Golden, Royal, Aquavita, Yassa, Onil, Aquaba, Africa pure water, Sweet water, Geca, la liste est loin d’être exhaustive, toutes ces marques affublées de la terminaison “natural mineral water” ou “eau minérale pure” (bilinguisme au Cameroun oblige) se disputent quasiment la voie publique et c’est à qui jonchera le plus de mètres carrés. En fait, pour connaître la marque qui a le plus de succès dans la ville, les producteurs et les chercheurs n’ont qu’à faire le décompte des sachets vides qui encombrent les routes de la ville.

cette situation n’est pas exclusive à la seule Rue Pau. Ce désordre urbain est commun à toutes les rues de Douala. De plus en plus, la société Hysacam qui s’occupe de l’hygiène et de la salubrité ici, balaie très tôt le matin, certains axes principaux de la ville. Mais, avant la mi-journée, on ne dirait pas que ces rues n’ont jamais vu un balai passer. Pour le cas des rues qui n’ont pas le privilège d’être balayées de temps en temps, les sachets plastiques vides sont entrainés par le vent ou les coups de pieds des passants dans les caniveaux qu’ils réussissent à boucher. Et si rien n’est fait avant la prochaine saison des pluies, bonjour les inondations dans certains quartiers.

Avec la forte campagne de sensibilisation qui a été menée contre le commerce de l’eau de source ou du robinet dans les bouteilles plastiques, une partie importante des habitants de Douala se rafraichissent avec de l’eau en sachet. Une enquête sur le terrain amène à penser qu’au moins un bon quart de la population achète au moins un sachet d’eau par jour. Sur une population de 2.5 millions d’habitants que compte la ville de Douala, l’on peut dire modestement qu’au moins 625.000 sachets d’eau sont consommés par jour. Et ce tiers de sachet vide se retrouve sur la voie publique. Ce qui fait qu’en six jours ouvrables, l’on a  environ 3.750 000 sachets d’eau consommés avec au moins 1.250 000 qui vont joncher les trottoirs. Ce qui est énorme et pose un véritable problème environnemental.

La Communauté urbaine et quelques entreprises citoyennes ont installé dans les rues, des poubelles pour résoudre ce problème. Il suffirait tout simplement au consommateur de jeter son sachet vide dans ces réceptacles. Mais cela semble être au dessus des forces des habitants de Douala, qui préfèrent se débarrasser de leurs déchets n’importe où. Il se pose ici pour les populations un véritable problème de civisme. De toutes les façons, la multitude de producteurs d’eau minérale ou de source en sachet doivent trouver le sort à réserver à leurs déchets. Car même lorsqu’ils sont collectés par Hysacam, ils sont tout simplement mélangés aux autres ordures ménagères et jetés pêle-mêle à la décharge publique. Rendant difficile toute perspective de recyclage industriel

Awa Balkissou

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