Les travaux d’enquêtes présentés dans le cadre du projet « Conflits et sécurisations foncières en Afrique centrale et de l’Ouest » (Cosefac) ont révélé que la situation des litiges fonciers dans l’Est du Cameroun est préoccupante.
La commune de Betaré-Oya, en particulier, est confrontée à de nombreux conflits fonciers en raison de sa richesse souterraine. Parmi les cas cités, on trouve le conflit de Mandjou entre les populations locales, principalement des agriculteurs, et les réfugiés éleveurs Mbororo, le conflit de Longa Mali opposant les populations à une société minière chinoise, et le conflit de Tamounageze entre les villageois et une population étrangère venant de la République centrafricaine.

Dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, le problème de la sécurisation foncière se pose davantage après le déplacement des populations en raison de la crise sécuritaire persistante. Les initiateurs du projet se demandent notamment ce qu’il adviendra des terres des populations locales après l’exode rural.
Il convient de souligner que les litiges fonciers ne se limitent pas aux régions ciblées par le projet Cosefac. On se souvient du conflit fratricide entre les Mousgoum et les Arabes-Choa dans le département du Logone et Chari, dans la région de l’Extrême Nord, du litige foncier entre les autochtones et les allogènes dans l’Adamaoua, et plus récemment, de la même situation dans le Noun. En réalité, aucune région, aucun département et aucun arrondissement du Cameroun n’est épargné par cette problématique.
Face à cette situation qui se multiplie sur l’ensemble du territoire camerounais et qui risque de perturber la paix sociale, la Côte d’Ivoire, qui a résolu cette situation sur son territoire, sert de modèle pour le Cameroun. Les deux pays sont considérés comme des pays frères en raison de leur configuration géographique et sociologique similaires. Le projet Cosefac permet au Cameroun de tirer le meilleur parti de l’expérience des chercheurs et universitaires ivoiriens. Selon le Dr Jean Pierre Nkenne, point focal Cosefac Cameroun, les leçons de la Côte d’Ivoire peuvent aider le Cameroun à améliorer sa loi foncière en cours de révision. Il estime que l’État doit trouver des solutions à cette problématique, notamment en associant les pratiques coutumières et en résolvant le problème de l’immatriculation des terres.
Le projet Cosefac entre le Cameroun et la Côte d’Ivoire s’inscrit dans le cadre des problématiques foncières auxquelles sont confrontées les populations rurales en Afrique. Son objectif est de développer une stratégie de gestion des terres en temps de conflit, en s’appuyant sur les expériences de différents pays. Le projet vise à sécuriser le foncier rural dans le contexte de conflits violents avec déplacement de populations et à proposer des solutions en s’inspirant des situations passées. Le Pr Pierre Kamdem, directeur du projet Cosefac, explique que les premiers résultats attendus consistent à dissocier les litiges fonciers des litiges non fonciers afin de trouver des solutions appropriées.
Saydou Sadjo