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COLLECTE DES ORDURES AU CAMEROUN : LES INCERTITUDES DE LA CONCURRENCE

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Dans l’optique d’une meilleure gestion des déchets ménagers, le président de la république a instruit l’ouverture de ce secteur à plusieurs sociétés. Mais vu les postures des acteurs déjà existants, la mesure risque d’accoucher d’une petite souris.

 Le monopole du marché des déchets ménagers au Cameroun est détenu jusqu’ici par la société privée Hygiène et salubrité du Cameroun (Hysacam).

les dépôts d’ordures ont pillon sur rue à Douala

Créée en 1969, l’entreprise emploie aujourd’hui près de 15 millions de personnes dans 15 villes du pays à savoir :

Yaoundé (chef-lieu de la région du centre) ; Douala et Edéa (région du littoral) ; Bafoussam (chef-lieu de l’ouest) ;Ngaoundéré (Adamaoua) ;Garoua (région du nord), Maroua (extrême-nord) ; Bertoua (Est) ; Buéa et Limbé (sud-ouest) ; Ebolowa, Kribi, Sangmélima et Meyomessala (région du sud) et en fin Bamenda le chef-lieu de la région du nord-ouest avec qui un contrat de 5 ans a été signé en mars 2017.

Qui peut remplacer HYsacam… crédit Photo: hysacam

Dans ces villes, Hysacam assure la collecte, le transport, le traitement et le recyclage des ordures ménagères. Si cette entreprise dont le cahier de charge est de maintenir les villes camerounaises, propres et insalubres, a jusqu’ici réussi, avec une relative efficacité à débarrasser les centres urbains de ces tas d’immondices qui côtoyaient les maisons, les rues et les centres commerciaux, elle est depuis quelques temps en baisse de régime. Des contraintes budgétaires dues entre autres à l’augmentation des charges, et surtout des tensions de trésoreries dues non-paiement de ses prestations par l’Etat, sont évoqués comme raisons de la rupture épisodique et récurrente du ramassage des déchets dans les principales métropoles du pays.

La pré-collecte

La gestion des déchets au Cameroun et notamment dans la capitale, est également introduite par des pré-collecteurs à la base.

La pratique est effective dans le 6ème arrondissement, où les près de 60 employés et bénévoles de Tam-Tam Mobile, assurent le relais des ordures entre les ménages et les bacs à ordures de Hysacam. Jusqu’ici l’activité se porte plus tôt bien, les ménages contribuent à hauteur de 1000 FCFA par mois. Le GIC est également soutenue par des partenaires internationaux tels que l’Agence Française pour le Développement, la GIZ et l’aide publique pour la coopération japonaise, grâce à qui le GIC créée en 1997 par Roland Etoga, a construit un centre de capitalisation de la gestion des déchets solides au quartier Melen. Le centre reçoit les universitaires, les étudiants et autres passionnés des questions de protection de l’environnement.

Dans des villes moins grandes que Yaoundé, et donc disposant de plus d’espace pour le compostage, comme Bafoussam, situé à l’Ouest du pays, le Cercle international pour la promotion de la création (CIPCRE), en occurrence, organise la collecte des ordures ménagères par quartier, les traite sur des sites adéquats et les transforme en un engrais biologique au compost.

Les ménages

Si les autres villes n’ont pas toujours de statiques sur les quantités de déchets solides produites, à Yaoundé, les populations produisent près de 1800 tonnes d’ordures par jour. Les près de trois millions d’habitants de la ville ne sont pas toujours collaborateurs avec le prestataire Hysacam. Les habitants brillent par leur incivisme. Les déchets sont jetés à tout bout vent, et vider les poubelles est une tâche très souvent abandonné aux enfants immatures, qui les déversent à même le sol. Ces pratiques populaires rendent ainsi la tâche de la collecte des ordures plus longue, plus endurante et plus coûteuse dans une chaîne d’acteurs, où l’Etat fait figure de mauvais payeur.

L’Etat

Dans le financement de la collecte des ordures à Yaoundé, Hysacam reçoit 15% de ces fonds auprès de la communauté urbaine et 85% de l’Etat. Mais le manque à gagner induit par l’irrégularité des paiements de l’Etat, explique principalement le fait que la collecte et le traitement des ordures aient enregistré durant ces dernières années, de sérieux désagréments dans les villes telles que Yaoundé et Douala notamment. Car sur les 6,4 milliards de FCFA attendus vis-à-vis de l’Etat par Hysacam concernant le contrat de la période 2013- 2017, seul 1 milliard a été versé. D’ailleurs, à la faveur un tour de ville effectué en début d’année à Yaoundé, le ministre de l’Habitat et du Développement urbain, Jean Claude Mbwentchou a reconnu qu’Hysacam revendique le paiement par le gouvernement des arriérés de plusieurs milliards de FCFA.

Face à la recrudescence des booms d’ordures dans les métropoles, l’Etat a jugé mieux d’ouvrir le secteur de la collecte des ordures ménagères à d’autres entreprises, lesquelles viendront ainsi en renfort à Hysacam. Le ministre de l’Habitat et du Développement urbain, en sa qualité de ministre de tutelle, suit attentivement le dossier et assure que les appels d’offre qui seront émis dès le mois d’avril 2018, le mode de paiement des prestataires qui seront retenus, est le même qu’avec Hysacam.

Seulement, l’opinion publique se demande si l’Etat qui se trouve aujourd’hui insolvable avec un seul opérateur, pourra inverser la courbe lorsqu’ils seront plusieurs. Surtout que d’ici là, rien n’augure que les contraintes conjoncturelles évoquées (Crise anglophone dans les régions du Sud-ouest et du nord-ouest) pour justifier le non-paiement des prestations seront levées.

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