La sixième réunion de la Conférence des Parties qui s’est tenue à Genève en Suisse du 28 avril au 10 mai 2013, a examiné et inscrit cinq substances chimiques dangereuses encore présentes dans le circuits commerciaux internationaux, à l’effet de leur inscription à l’annexe III de la Convention de Rotterdam. C’est l’Afrique qui va écoper.
Entrée en vigueur en février 2004, L’annexe III à la Convention de Rotterdam est une liste de substances qui sont interdites, sinon dont l’utilisation est restreinte par les Parties à la Convention pour cause de leur nocivité à la santé et à l’environnement.
Pour l’édition 2013 de cette conférence, cinq produits étaient dans le collimateur des examinateurs du COP-6. Il s’agissait de l’azinphos méthyl,du pentabromodiphényléther (n° CAS 32534-81-9) et les mélanges commerciaux du pentabromodiphényléther , Les mélanges commerciaux de l’octabromodiphényléther, L’acide perfluorooctane sulfonique, les perfluorooctane sulfonates, les perfluorooctane sulfonamides et les perfluorooctane sulfonyles, Les préparations liquides (concentrés émulsifiables et concentrés solubles) contenant du dichlorure de paraquat à des concentrations égales ou supérieures à 276 g/l correspondant à des concentrations d’ions paraquat égales ou supérieures à 200 g/l.
A l’issue de la conférence des parties qui s’est terminée le 10 mai 2013, ces produits chimiques et pesticides ont reçu l’aval d’être inscrits à l’annexe III de la Convention de Rotterdam.
Ce qu’on leur reproche
Principalement utilisés dans la production de fruits et légumes, l’azinphos méthyl, est un pesticide censé présenter un effet insecticide. Pour les experts de l’Unep, le Canada et la Norvège, il présente très certainement des risques pour la santé des êtres humains et pour l’environnement.
Le HCBD (hexabromocyclododecane), ce produit a le vent en poupe dans la construction. Des nombreux fabricants de voitures font recours à cette substance pour leurs sièges de voiture et l’électronique. Pourtant, elle a des effets sur le développement des enfants, en perturbant leur système hormonal. Il s’agit de la 23e substance programmée pour une élimination totale par la Convention de Stockholm, à laquelle 179 États ont adhéré.
Par ailleurs, les experts de l’Unep affirment la dangerosité de l’acide perfluorooctane sulfonique, ses sels et le fluorure de perfluorooctane sulfonyle présents dans des articles manufacturés tels les mousses anti-incendie, les détergents industriels ou ménagers, les composants des revêtements pour les tapis, les tissus, le cuir et le papier; ainsi que dans les produits insecticides pour les termites et les fourmis.
Pour ce qui est l’amiante chrysolite qui restait la seule amiante encore commercialisée, parce que rentrant dans la fabrication des ciments pour les rendre plus résistant, et plus léger et était censé ainsi améliorer sa durée de vie, n’est pas rentré officiellement dans la liste des produits prohibés. La Russie et le Zimbabwe y ayant opposé leur veto .Mais comme toutes les amiantes, l’inhalation des particules du chrysotile, peut s’avérer particulièrement pathogène pour l’individu.
Et l’Afrique ?
C’est en 2010 que le Burkina Faso a proposé l’inscription à l’Annexe III de la Convention de Rotterdam, le Gramoxone Super (un herbicide) en tant que préparation pesticide extrêmement dangereuse contenant le dichlorure de paraquat (sous forme de concentré émulsifiable à teneur en substance active égale ou supérieure à 276 g/l correspondant à une teneur en ions paraquat égale ou supérieure à 200 g/l). Trois ans plus tard, il obtient gain de cause.
Mais il faut dire que de nombreux autres produits chimiques et pesticides dangereux qui font l’objet d’un commerce international continueront pendant longtemps encore de vicier la santé des personnes et l’environnement en Afrique. Plus grave, les autres produits désormais prohibés sont le fait du canada et des pays de l’Union européenne. Il est clair qu’au terme de la réunion de Genève, les pays du Nord vont dorénavant être très vigilants quant à la production ou l’importation de ces produits classés extrêmement dangereux, sur leur territoire.
Toutes dispositions qui vont rendre l’Afrique encore plus vulnérable. En effet, considérée par certains comme le dépotoir naturel de l’Occident, le continent dit Noir va devoir accueillir en urgence et en quantité massive, nombre de produits chimiques et pesticides particulièrement dangereux, évoqués supra. Parce que, ce sont ces mêmes là, qui produisent pour l’essentiel les dits poisons.
Devant la nécessité de s’en débarrasser, surtout s’en débarrasser sans trop de perte, l’Afrique semble être la meilleure opportunité. A la cupidité de certains hommes d’affaires africains, va s’ajouter le laxisme des pouvoirs publics. Le résultat risque d’être périlleux pour les populations et l’environnement de tout un continent.
Bernard Mawo