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Cameroun : un nouveau séchoir pour conserver les récoltes

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ajafe grenierLe four Djilemo permet aux producteurs de fruits, légumes et tubercules du Cameroun, d’accroître la durée de conservation de leurs produits en les séchant.

Plus besoin d’attendre l’apparition du soleil pour sécher les denrées agricoles. Le four Djilemo, du nom de son inventeur, Louis Djilemo, un ingénieur agronome camerounais, sèche les fruits, légumes, tubercules et autres produits à haute teneur en eau, tout au long de l’année, malgré les intempéries.

Cette prouesse est le fruit de longues années de recherche. En 1989, alors qu’il est vulgarisateur de variétés améliorées de manioc à haut rendement au Ministère de l’Agriculture et du Développement rural (Minader), Louis Djilemo doit faire face à la question des pertes post-récoltes. “Je suis interpellé par des producteurs de manioc. Après avoir produit en abondance des boutures de manioc que nous avons mis à leur disposition, ils me posent une question. Que devons-nous faire de toute cette production? Ils étaient alors  obligés de vendre trois jours après les récoltes au plus tard. Faute de quoi, le manioc pourrissait”, déplore Louis Djilemo.

 Premier four en 1999

Commence alors une longue période de recherche. L’idée est de trouver une technique de conservation du manioc qui rendra possible la transformation de cette denrée en cossettes (chips), farine, amidon, couscous, tapioca etc. ”A l’époque, se souvient  l’inventeur, il n’existait pas de documentation fournie sur le sujet au Cameroun. Je n’ai trouvé qu’un seul livre qui traitait des technologies post-récoltes”. Grâce à un  financement du Centre technique de Coopération agricole et rural (CTA), une institution conjointe des Etats ACP (Afrique, Caraïbes et Pacifique) et de l’Union européenne, il reçoit de nombreuses publications sur le sujet. Finalement, c’est en 1999 qu’il mettra un point le premier four. La toute première pièce est vendue à Marie-Claire Ekaboma, une commerçante camerounaise, aujourd’hui décédée.  La technologie lui permettra d’exporter du manioc sous forme de cossette en Europe pour satisfaire des commandes.

Le mode de fonctionnement du séchoir est basé sur le système de conversion. “On ouvre une vanne qui apporte de l’air frais. Cet air se déshydrate en présence de la chaleur produite dans la chambre de combustion. Et c’est cet air déshydraté qui séchera les produits agricoles étalés dans une autre chambre”, explique l’ingénieur camerounais. La technologie qui ne nécessite pas d’électricité pour son fonctionnement, est adaptée au monde rural africain. En effet, le four Djilemo est alimenté par du charbon qu’on peut compléter avec de la pouzzolane et des résidus de récoltes ou de l’industrie du bois, qui sont très souvent déversés dans la nature. L’innovation est munie d’une cheminée qui garantit des produits sans fumée.

En tôle ou en latérite

Les premiers modèles sont fabriqués avec des briques en latérite. Destinés à un usage communautaire, ils coûtent 2.500.000 Fcfa maximum. “Généralement, ce sont les bailleurs de fond qui les achètent au profit de communautés rurales”, confie Djilemo. Ce modèle rencontre un succès au Ghana et au Bénin, des pays où le développement communautaire est très encouragé. Mais progressivement, un séchoir individuel sera mis sur pied pour conquérir la clientèle camerounaise. Plus petit et en tôle, il coûte 400.000 Fcfa au maximum. La capacité du four Djimelo est de 600 kg de produits par roulement pour les fours collectifs et de 100 kg pour les séchoirs individuels.

En 2008,  Louis Djilemo a reçu le prix de la meilleure  innovation technologique lors de l’atelier-foire régional sur le repérage et le partage des Innovations en Afrique de l’Ouest et du Centre organisé par le Fonds international de développement agricole (Fida) à Ouagadougou au Burkina Faso. Le four Djilemo est breveté par l’organisation Africaine de la Propriété intellectuelle (Oapi).

Anne Matho

 http://annematho.wordpress.com/

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