Dans les grandes villes et parfois dans certains marchés ruraux de grande fréquentation, on vend les fruits, légumes et autres aliments exposés à même le sol, parfois sur du goudron. Un danger pour la santé.
Assise sous un hangar, Brigitte attend ses clients. Quelques minutes plus tard, une ménagère apparaît et Brigitte l’acoste aussitôt pour lui proposer ses services. Une bâche blanche étalée à même le sol est son « comptoir » sur lequel sont posés quelques fruits et légumes.
Tout à côté, Mama Elisabeth n’a pas trouvé meilleur emplacement pour ses tubercules de manioc. Elle a décidé de les exposer en plein air. A longueur de journée, c’est dans cette ambiance que les produits seront vendus. Loin d’être uniquement le cas des marchés du Mfoundi et de Mokolo à Yaoundé, ces images reviennent dans toutes les grandes villes et campagnes où fruits, légumes, tubercules et bien d’autres produits alimentaires sont étalés sur des comptoirs ou à même le sol. Ces derniers sont exposés entres autres aux différentes intempéries dont la pluie et surtout le soleil.
Cette pratique qui a progressivement pris de l’ampleur dans nos localités au point de s’ériger en règle, expose le consommateur à de nombreux risques. Ces derniers portent notamment sur la dénaturation de l’aliment, mais aussi sur la détérioration des éléments nutritifs que comportent ces produits.
Sur le plan sanitaire, les conséquences sont aussi importantes. «Certaines vitamines sont extrêmement fragiles. Ainsi, de nombreux aliments peuvent perdre la moitié de leur teneur entre la récolte et votre assiette ! Les principaux ennemis sont entre autres: la lumière, l’air et la chaleur. Ces vitamines ne supportent pas d’être maltraitées. En l’occurrence la vitamine A : sensible à la chaleur et la lumière ; La Vitamine B1 qui est très sensible à la chaleur, l’oxydation de l’air, l’acidité: Vitamine B5 : sensible à la chaleur dans l’eau ; Vitamine B6 : résiste à chaleur, l’oxydation et les milieux acides, mais est détruite par la lumière et certains composés dits « alcalins » ; Vitamine B8 : sensible à la lumière ; Vitamine B9 : détruite par la chaleur et l’oxydation ; Vitamine B12 : sensible à la lumière, détruite par la chaleur. Toutes ces vitamines sont présentes dans les différents fruits et autres biens de consommation qui sont exposés à l’air libre dans nos marchés » Souligne Edouard Pentkom, ingénieur agronome.
Et de conclure « Selon Bender, la vitamine B6, est sérieusement affectée par une longue durée au soleil. Selon le même auteur, « 50% de cette vitamine peuvent être détruite en deux heures quand le lait est exposé au soleil. De surcroit cette vitamine se transforme en lumichrome et en lumiflavine qui s’attaquent à la vitamine C du lait. Ainsi, la destruction d’une petite quantité de riboflavine(5%) entraine une grande élimination de la vitamine C (90%) ».
Sur le plan sanitaire, les affections encourues après consommation d’un aliment contaminé, varient en fonction du type de microorganismes et du niveau de contamination. “Ces maladies microbiennes d’origine alimentaire peuvent atteindre une ou plusieurs personnes à la fois. Il s’agit de maladies infectieuses, parasitaires et d’intoxications alimentaires.» souligne à son tour le Dr Mpem.
Malgré tous les dangers auxquels sont exposés les consommateurs, la menace n’est pas encore assez prise au sérieux par les commerçants qui continuent leurs activités. « Il est certes vrai qu’en déposant ces marchandises à même le sol, les clients qui les achètent courent de graves risques de maladie comme par exemple : le choléra, les amibes pour ne citer que ceux-ci, mais je ne peux pas faire autrement, je n’ai pas de choix, je me dis que comme je ne suis qu’à mes débuts, au fur et à mesure que le temps va passer, les choses vont peut-être changer » rélativise Françoise Onana , une vendeuse au marché de Mokolo.
Alain Georges Lietbouo-lavoixdupaysan