Jusqu’en 1989, l ‘Etat camerounais subventionnait l’acquisition et la distribution des pesticides et la consommation était alors très élevée. De 1982 à 1992, le Cameroun a importé en moyenne 4,6 tonnes de pesticides pour un coût estimé à 8 milliards de franc CFA par an.
Le Cameroun, situé au cœur de l’Afrique centrale, présente une grande diversité agro écologique s’étendant de la zone sahélienne semi aride à l’extrême nord à la forêt équatoriale au Sud. Le pays couvre une superficie d’environ 475 000km2 pour une population de plus de 15 millions d’habitants. L’agriculture occupe une place prépondérante dans l’économie camerounaise. Principale source de revenus du pays, elle représente le quart des exportations et mobilise 80% de la population active. Les produits sont généralement le café, le cacao, le sucre, l’huile de palme, la banane, le plantain, l’ananas, les pommes de terre, l’oignon, …
La diversité climatique et écologique dont jouit le pays n’est pas seulement favorable au développement de diverses plantes mais est également propice à la prolifération de diverses parasites qui nuisent à la croissance et la production des plantes. Ainsi, les problèmes phytosanitaires se posent avec acuité à l’agriculture camerounaise. En fonction de l’importance des dégâts qu’ils causent aux productions agricoles, certains insectes et maladies sont considérés comme des fléaux nationaux.
Jusqu’en 1989, l ‘Etat camerounais subventionnait l’acquisition et la distribution des pesticides et la consommation était alors très élevée. De 1982 à 1992, le Cameroun a importé en moyenne 4,6 tonnes de pesticides pour un coût estimé à 8 milliards de franc CFA par an. Cette consommation a connu une baisse en 1992 à cause du désengagement de l’Etat. Cependant, depuis quelques années, on observe une reprise des ventes des pesticides. En 1991, les ventes des pesticides s’élevaient à 3,6 milliards de franc CFA, alors qu’en 2000, elles ont atteint 12,2 milliards de franc CFA.
L’utilisation accrue des pesticides dans le secteur agricole et agro sylvicole témoigne dans un premier temps de l’ignorance ou la non sensibilité des usagers sur les méfaits des pesticides sur l’environnement. En effet, on estime à 90% la destruction de la microflore et faune d’un sol cultivé contaminé par les pesticides, ce qui crée un cercle vicieux : plus on utilise les pesticides, plus on fragilise le sol et donc les cultures qui y poussent mais plus ces plantes sont fragiles et malades, plus on doit traiter avec les pesticides.
Environ 40% du pesticide épandu atteint directement la plante. Dans le meilleur des cas, la plante guérit en apparence mais le pesticide ne disparaît pas. En entier ou fractionné, il contamine directement les aliments que nous mangeons, trop souvent au-delà des teneurs maximales autorisées. Les 60% de la dose restante touchent directement le sol et après infiltration et ruissellement, se retrouvent dans les eaux des lacs et rivières en poursuivant les dégâts sur les organismes vivants touchés au passage.
Une autre fraction non négligeable des pesticides s’évapore dans l’atmosphère et voyageant sur de grandes distances, retombent très loin du point d’origine, contaminant ainsi les organismes vivants s’y trouvant. D’une manière globale, les dégâts causés par les pesticides sur les écosystèmes et sur l’homme sont très importants, mais encore sous-estimés.
Deuxièmement, l’utilisation accrue des pesticides est due à l’ignorance des usagers sur les alternatives biologiques de lutte contre les ennemis des cultures existants. En effet, il existe des alternatives déjà utilisés ou encore à l’essai. Ces alternatives peuvent pallier ou du moins réduire les dommages causés à l’environnement par l’utilisation des pesticides chimiques. L’adoption de ces nouvelles méthodes contribuera à la réduction des coûts d’investissement dans la production agricole ; à la protection et la conservation de la biodiversité, mieux encore elle favorisera un air pur, la protection du sol et par dessus tout la protection et la conservation de la biodiversité.