L’utilisation abusive de certains produits nocifs tue la faune et la flore du fleuve Sanaga.
Nul ne peut faire le trajet sur l’axe Yaoundé-Douala sans lancer un regard curieux et interrogateur sur le fleuve Sanaga qui serpente certains quartiers d’Edéa, chef-lieu de la Sanaga-Maritime dans la région du Littoral. Long de 98 km, il fait la fierté de la population de cette localité située à une heure de route environ de Douala. Ici vivent plusieurs espèces aquatiques. Carpes, « mâchoirons», côtoient des crustacés tels que les langoustes, les crabes, crevettes, huitres, etc.
Seulement, certaines personnes ne font pas toujours des prélèvements durables de ces espèces. Toutes les méthodes sont alors utilisées pour une bonne récolte. Des produits pesticides, même ceux considérés comme les plus toxiques sont souvent déversés en quantité importante pour tuer plus de poissons. L’activité est organisée par des jeunes qui travaillent en groupe et bien organisés, apprend-on des riverains qui ne constatent le résultat qu’au petit matin. « Ils viennent de nuit et versent le produit. Le lendemain aux premières heures nous trouvons des centaines de poissons dans les filets et sur la surface de l’eau. C’est à ce moment que nous tirons des conclusions. Nous avons essayé de faire des rondes, mais nous n’avons appréhendé personne », confie avec regret un pêcheur dans ces lieux.
Or, d’après des écologistes, les produits toxiques déversés dans le fleuve participent de la pollution de l’eau. Ils n’affectent pas seulement l’eau mais aussi toutes les espèces aquatiques et le sol. « Ce ne sont pas seulement les poissons qui meurent, mais tout ce qui respire comme flore et faune est décimé par cette activité dangereuse. Avec le risque de non génération pour certaines espèces », énonce un environnementaliste.
Les médecins n’écartent pas les risques encourus par la consommation des produits de ce type de pêche. Une consommation qui ne se fait pas seulement à Edéa. Puisque d’après certains habitants, les poissons et les crustacés sont vendus au marché et en bordure de route les soirs. Après une bonne prise sur le chemin de retour, ils annoncent leur arrivée en criant : «Poissons, poissons. C’est mieux que les boîtes de conserves. Il faut acheter ». La rémanence reconnue aux pesticides, s’accordent les spécialistes de santé, peut exposer les consommateurs aux risques des cancers du tube digestif.
Des poissons très prisés et très appréciés souvent difficiles à conserver. « Nous devons vite faire la cuisine sinon le poisson va commencer à se décomposer », affirme une ménagère. Avec une voix tintée de tristesse, elle ajoute : «Le goût du poisson change lorsqu’il est pêché avec des produits ». La dame venue s’en procurer scrute le poison. Avec un air sérieux et l’œil attentif, elle le retourne sans arrêt et fait une légère pression sur le ventre de ce dernier, question de s’assurer de sa fraîcheur. « Je sais que cette technique n’est pas suffisante pour distinguer le bon du mauvais, mais je la pratique et des fois ça marche », lance-t-elle. Lire la suite sur http://mutations-online.info/
Paulette Ndong