La prolifération des trafics et une baisse de la production halieutique limitent l’impact économique du principal cours d’eau de la région.
En ce début de saison sèche, le niveau des eaux laisse remonter des monticules de sable à la surface, formant comme des cratères de dunes que les passants admirent en traversant le pont de Garoua sur la Benoué. Vu de là, ce bras du principal fleuve de la région du Nord, semble à peine différent des « mayos », ces multiples cours d’eau saisonnier qui irriguent l’ensemble de la zone septentrionale. Difficile alors d’imaginer que de cette étendue d’eau sur laquelle a été adossé le troisième port fluvial du pays, s’est construit la principale plate-forme commerciale de la région.
Dans un passé pas si lointain, c’est une bonne partie de l’activité économique de tout le grand Nord, qui était régulée depuis l’embouchure de Garoua. Importation des marchandises en provenance essentiellement de Yola au Nigéria, exportation d’une partie de la production agricole, le fleuve Benoué via son Port facilitait la prospérité de nombre de commerçants, autant qu’il faisait rentrer d’importantes devises pour l’Etat.
Affluent de l’Océan atlantique, même la SODECOTON qui est la première agro-industrie du septentrion a ainsi longtemps exporté une partie de sa production depuis Garoua. Plus en aval, à travers le lac de Lagdo que ses eaux alimentent, la Benoue focalisera aussi l’essentiel de l’activité piscicole. Plus de 10.000 tonnes produites dans les années 80 – 90, qui permettaient d’alimenter les marchés jusque dans le grand sud (donnant notamment une réputation au fameux capitaine de Lagdo), mais aussi les principaux pays voisins que sont le Tchad et le Nigéria. L’agriculture et l’élevage restent les principales activités de l’économie dans la région, mais dans ce rayon le fleuve Benoué à lui seul tenait haut le pavé.
Le moins qu’on puisse dire, c’est que le cours d’eau aujourd’hui, « arrose » beaucoup moins l’économie locale. Certes, il continue à soutenir le domaine agricole, notamment dans le bassin de Lagdo où les grands projets en cours (riziculture, ferme semencière) doivent beaucoup au barrage de retenue.
Mais outre une production halieutique en baisse de moitié, le port fluvial est dans les faits en cessation d’activité. Ce qui reste de locaux, abrite une tannerie et quelques services de sécurité. Transformé en port autonome en 1999 et confié en 2003 à la gestion de la Communauté urbaine de Garoua dont le délégué du gouvernement est le manager de fait, le port de Garoua n’a depuis lors, jamais pu relancer ses activités. La faute à un réseau de trafic tentaculaire et aux intérêts financiers conséquents, qui a fait son lit le long du fleuve. Et même si les douanes arrivent à y prélever quelques devises, la prolifération d’une économie parallèle à travers les 27 débarcadères frauduleux instaurés, est une source de pertes de recettes pour le Trésor public. Lire la suite sur www.cameroon-tribune.cm
Eric ELOUGA
les répercussions du changement climatique sont visibles au Cameroun notamment par la diminution du lit de nos cours d’eau. en plus de la Benoué, on peut citer le Nkam et le Wouri qui sont envahis par la jaccinthe d’eau, preuve de la pollution. la solution serait peut-être de sensibiliser les riverains du fleuve sur la gestion durable des ressources (interdiction de la pêche chimique, la limitation de l’utilisation des engrais chimique, l’interdiction du rejet des déchets industriels et ménagers dans les cours d’eau. Il faut aussi signaler que le draguage ou curage de ses cours d’eaux peuvent aussi être une solution.