Au lieu d’une opération coup de poing pour mettre un terme définitif à la production, importation, consommation… des whiskies en sachets et en bidons tant décriés, le gouvernement a accordé une période bonus de deux ans aux opérateurs de ce secteur pour qu’ils épuisent tranquillement leurs cargaison de poison. Le vendredi 12 septembre 2014 à Yaoundé, les ministres des Mines de l’Industrie et du Développement Technologique, du Commerce et de la Santé Publique, sous la coordination du Premier Ministre, Chef du Gouvernement, ont signé un arrêté conjoint qui rend désormais obligatoire l’application de la norme NC 210 : 2014-48, relative aux boissons spiritueuses.
La question qui se pose depuis lors est de savoir quelles sont les chances réelles de l’applicabilité effective de cet arrêté ? Surtout au su de ce qu’il est de notoriété publique que plus de la moitié des entreprises qui produisent ces produits décriés sont dissimulées dans l’informel. Plus grave encore, les camerounais, surtout les plus jeunes sont devenus accros à ces breuvages pour le moins nocifs pour la santé des consommateurs. D’où l’urgence avérée de l’interdiction de ces produits.
Mais le gouvernement a joué dans le registre des atermoiements.
En effet, durant les « discussions » avec les opérateurs du secteur qui ont précédé la signature de cet arrêté, ces derniers ont demandé un délai de cinq ans, pour continuer de produire.
Et,le gouvernement dans sa « magnanimité », leur a accordé un délai de deux ans pour produire encore un maximum d’« eau de feu », prétextant que c’est pour qu’ils vident leurs magasins. Voulant justifier ce délai inopportun, la cellule de communication du Ministère des mines, de l’industrie et du développement technologique (Minmidt) argue que c’est «conscient de l’évolution socio-économique du Cameroun et animé du souci de sauvegarder certains acquis de l’industrie brassicole locale », que le Ministre des Mines, de l’Industrie et du Développement Technologique « a fait siennes, les dispositions du 4ème article de l’arrêté conjoint, en matière de délais de grâce accordé aux opérateurs, qui stipule que « les importateurs et producteurs locaux concernés disposent d’un délai de vingt-quatre (24) mois à compter de la date de signature [le 12 septembre 2014 (Ndlr)] du présent arrêté, pour écouler leurs cargaisons de produits finis » ».
Une aberration si on considère que nul ne s’est assuré au préalable que les cargaisons disponibles dans les magasins des uns et des autres opérateurs du secteur pouvaient résister pendant deux ans de consommation. Ce point de vue est étayé par le fait qu’aucun importateur ou fabrique d’alcool en sachet ne dispose d’un magasin assez grand pour contenir un stock de marchandises pouvant couvrir deux ans de consommation.
Mais, peut-être aussi que « l’économie de guerre » commande que le gouvernement ne crache pas sur la moyenne d’un milliard de Fcfa annuel que ces entreprises apportent au budget de l’état, en termes de taxes diverses.
Cedric Pokam